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#Photo 7 : tag-moi!

Publié le par aulivia

#Photo 7 : tag-moi!

Lorsque Nessa passa la porte du salon pour embaucher, elle sut de suite que quelque chose n’allait pas. Sa responsable était face à la vitrine, martelant le comptoir de ses ongles fraichement manucurés. Ne sachant pas sur quel pied danser et surtout pourquoi sa supérieure était de mauvaise humeur, elle préféra faire profil bas et se faufiler en direction de l’arrière-boutique pour enfiler sa tenue. Elle eut à peine le temps de poser de son sac et d’enfiler sa veste qu’elle entendit sa chef l’appeler.

  • Nessaaaaaa, tu peux venir s’il te plait ?

La voix flûtée, l’insistance sur le « a » de son prénom, cela ne disait rien qui vaille. La jeune femme jeta un dernier regard dans le petit miroir accroché au mur et fit demi-tour en direction du salon.

Dans un premier temps, elle ne comprit pas pourquoi sa chef se bornait à regarder à l’extérieur sans rien dire, elle savait qu’elle n’avait rien fait de mal et que son travail était irréprochable, il devait donc s’agir d’autre chose. Après trente secondes à attendre qu’elle prenne la parole, Nessa toussota.

  • Regarde le mur en face. Lui dit la femme assez sèchement.

Plus la chose était énorme moins on la voyait, c’était le cas de le dire car il fallut à Nessa deux bonnes minutes pour comprendre. Juste en face d’elle, sur le mur d’une hauteur de cinq mètres s’alignaient des tags plus ou moins réussis, plus ou moins artistiques et surtout plus ou moins gros. Elle voyait ce mur tous les jours depuis qu’elle travaillait ici et elle connaissait tous les tags qui le recouvraient. Mais le plus récent et surtout  le plus gros, situé juste en face de la vitrine était le portrait (très bien réalisé soit dit en passant) d’une jeune femme métissée soufflant dans un jouet à bulles. Le visage était expressif, avec de grands yeux noirs en amande et une belle bouche pulpeuse. L’inconvénient majeur étant qu’il s’agissait de son visage à elle, de ses yeux et de sa bouche, en trois mètres sur deux… Le truc discret… Juste en face du salon où elle travaillait, genre on avait envie qu’elle le voit…

Une blague, voilà il devait s’agir d’une blague, de mauvais goût certes mais une blague quand même. Quel était le con qui avait pu lui faire ça ! Elle n’avait pas raté de coupes de cheveux, tous les clients étaient sortis contents ces derniers mois. Et c’était assez imposant pour un remerciement, un peu… démesuré !

Elle jeta un regard à sa chef qui a priori attendait une explication, mais Nessa n’en savait pas plus qu’elle, et elle ne savait pas quoi répondre.

Qui avait pu lui faire ça…

         - Qui a pu faire ça… dit sa chef comme si elle lisait dans ses pensées.

         - Je ne sais pas, je vous jure que je ne sais pas, lui répondit Nessa encore plus désabusée qu’elle.

Elles étaient toues les deux-là, derrière la vitrine à regarder le mur d’en face, et l’énorme tag la représentant lorsqu’une camionnette s’arrêta juste devant. Un homme en sortit assez rapidement et fila à l’arrière où il ouvrit la porte. Lorsqu’il la referma il tenait dans ses mains un magnifique bouquet de roses. La sonnette retentit à l’ouverture de la porte. Les deux femmes se tenaient l’une à côté de l’autre et tournèrent la tête lorsque l’homme passa la porte.

    - Bonjour Mesdames, j’ai un bouquet pour Mademoiselle Nessa dit-il.

La jeune femme reçut un deuxième choc, c’est la première fois de sa vie qu’elle se faisait livrer un bouquet.

         - Oui c’est moi, dit-elle, d’une voix timide.

         - Et voilà, lui dt-il en tendant le bouquet et passez une bonne journée, et il disparut aussi vite qu’il était arrivé.

Nessa avait dans les bras ce bouquet composé d’une vingtaine de roses rouges où se tenait une petite carte bloquée entre deux fleurs. Elle sut que le tag et le bouquet venait de la même personne, la coïncidence était trop facile. Et avec un peu de chance, la carte lui donnerait des réponses à ces questions. Qui et pourquoi ?

Elle déposa le bouquet sur le comptoir sous l’œil interrogatif de sa responsable. Le bouquet embaumait la pièce, le parfum des roses prenant le pas, sur celui des restes de shampoings et de couleurs effectués la veille. Elle se saisit de la carte et la déplia.

         «  Rendez-vous ce soir à 20h au restaurant du Lac. »

Tout compte fait elle n’aurait les réponses que le soir même. Nessa avait beau être assez timide et réservé, sa curiosité avait pris le dessus. Elle serait le soir même au rendez-vous. 

 

../..

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# Photo 6 : Naissance

Publié le par aulivia

# Photo 6 : Naissance

Son odeur, sa peau, sa respiration, tout en lui l’apaisait. Ce petit être si fragile qui respirait depuis quelques minutes à peine, lui permettait de vivre à nouveau. Tel un souffle, un courant, elle se sentait portée par cette présence toute nouvelle mais déjà indispensable. Un moment de bonheur, pur, à l’état brut. La douleur avait disparu pour faire place à la plénitude, à la beauté de l’instant. Il était lové sur sa poitrine et elle osait à peine respirer. Elle ne voulait pas le contaminer, elle voulait que son arrivée dans ce monde, dans son monde, soit parfaite. Lorsqu’on lui l’avait posé sur le ventre, elle l’avait instinctivement remonté au plus proche d’elle, sur son cœur, sa place était là, elle le sentait. Telles deux uniques pièces d’un puzzle, leurs peaux s’étaient reconnues et appropriés, enchevêtrées l’une dans l’autre.  Il fallait le rassurer, ce petit être sorti de son cocon, qui découvrait quelque chose de tellement plus grand que ce qu’il avait connu ces neuf derniers mois. Les battements de son cœur étaient là pour ça. Elle n’osait pas bougé, ne voulant pas perdre la magie de l’instant. Tout le monde s’affairait autour d’elle, comme dans une ruche, mais elle ne bougeait pas. De sa main gauche, elle s’offrit le plaisir de caresser sa peau, ses cheveux si fins lui faisaient penser à de la soie, elle descendit les doigts et parcourut sa tempe, sa joue, la courbe de son menton, un peu plus lion, elle sourit en sentant de légers bourrelets à la place de son cou et puis ce fut la découverte de son épaule, de son dos. Sa main pouvait en recouvrir la totalité comme une couverture, elle savait que cela ne durerait pas longtemps mais pour l’instant il n’avait besoin d’elle et de personne d’autre pour être totalement protégé.

Une voix lui parvint au loin, comme un appel.

        «  Mademoiselle, mademoiselle, vous souhaitez peut-être connaître le sexe et lui donner un prénom à cet enfant ! » lui dit la sage-femme.

Elle souleva délicatement la tunique dans laquelle ils étaient tous deux enroulés.

        «  Coline, ma fille s’appelle Coline ! » dit-elle simplement.

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#Photo 5: un(e) latte

Publié le par aulivia

#Photo 5: un(e) latte

Une nouvelle filière, un nouveau trafic et des cigarettes beaucoup moins chères. Les journaux télévisés faisaient les choux gras de cette actualité. Des petits malins avaient mis en place une organisation souterraine et avaient développé un réseau de vente de cigarettes sous le manteau comme personne n’avait su le faire auparavant. Les plus fins limiers de la police étaient sur le coup mais rien à faire, mise à part les acheteurs qu’ils arrêtaient de temps en temps afin de les questionner, ils n’arrivaient pas à mettre la main sur un seul revendeur de masse. Le circuit ressemblait à une toile d’araignée démultipliée. Chaque acheteur devait revendre la moitié de ses achats. Certains flics en civil avaient bien tenté d’infiltrer le réseau mais cela n’avait abouti à rien de concret.

 

Marie se fichait complètement que cela fasse la une des journaux. Ce qu’elle savait, c’est qu’elle savourait là son unique pause de la journée, son unique cigarette, son moment de détente pendant ses douze heures de travail. Elle aussi, profitait de ce réseau où elle payait sa dose quotidienne un tiers du prix de celles vendues dans les bureaux de tabac.  Avec son salaire d’infirmière, elle ne pouvait plus se permettre de payer ses cigarettes au prix fort, l’état augmentait tous les ans les taxes et aujourd’hui le paquet atteignait le montant d’un billet rose. 10€, un paille pour certain, beaucoup trop pour d’autres, pour elle en tout cas. Ce n’était pourtant pas une grosse fumeuse mais elle profitait de ses paquets de cigarettes à 3€ en se disant qu’elle faisait une belle économie. Bien sûr, elle respectait le deal, en achetait deux et en revendait un, à chaque fois.

 

Lorsqu’elle entendait les journalistes se moquer ouvertement de la police qui était incapable de trouver le moindre fautif, elle se disait parfois que cela était tout de même étrange…

 

Sa cigarette finie, elle regarda sa montre et constata qu’il était temps pour elle de retourner bosser. Mais avant cela et comme après chaque pause, elle s’arrêta un instant à la cafétéria de l’hôpital pour s’acheter sa briquette de lait.

 

A quelques kilomètres de là, dans une salle de conférence, une dizaine d’hommes en costume jubilaient. Assis autour d’une table ovale, ils comparaient des tableaux et des camemberts en souriant. Tout fonctionnait comme ils en avaient décidé. La filière souterraine, les cigarettes revendues à bas prix, la population s’était ruée dessus.

 

Evidemment, il avait été assez difficile de convaincre l’Etat et ses dirigeants mais lorsqu’ils avaient donné l’argument ultime, plus personne n’avait osé les contredire. Un subterfuge à la crise, une solution pour permettre aux producteurs français de retomber sur leurs pattes. Comme ils ne pouvaient pas passer par les filières classiques, cela aurait provoqué un tollé général, ils profitèrent des failles du système. Voilà comment l’idée était née. Et aujourd’hui les chiffres parlaient d’eux-mêmes. La consommation de lait de la population française avait doublé en à peine quelques mois. Les chercheurs avaient mis au point le produit très rapidement. Il était indécelable et ne changeait en aucun cas le goût des cigarettes, par contre, il donnait envie aux fumeurs de boire de lait, après chaque cigarette. Une solution à la crise ! Les producteurs étaient heureux, et cela ne faisait pas de mal. La France se portait mieux, les gens consommaient plus… de lait !

 

Bien évidemment, les hauts gradés de la police étaient de mèche et ils freinaient des quatre fers les investigations de leurs enquêteurs.

 

Marie enfonça la paille directement dans la petite brique. Depuis quelques semaines, elle avait le besoin impérieux de boire du lait.

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# Photo 4 Festival

Publié le par aulivia

# Photo 4 Festival

Non mais quelle idée, franchement… Maya regardait le ciel mais ne pouvait même pas profiter de la vue. Elle était là, allongée sur  son sac de couchage coinçée entre sa voiture et la tente. Elle attendait que la nuit passe. Leia lui avait promis que ce week-end serait mémorable. Elle lui avait annoncé très sûre d’elle, qu’aller dans un festival ça ne pouvait être que grandiose, formidable et intense.

Grandiose… Quand Maya avait perdu ses lunettes, suite à un coup de coude dans la foule, Maya n’avait pas pensé à ce mot là quand elle s’était retrouvée myope comme une taupe. Elle ne pouvait même plus voir la scène et elle savait qu’elle perdrait Leia si celle-ci s’éloignait à plus de trois mètres. Chose qui arriva dans les dix minutes suivantes. Son amie avait disparu avec les tickets pour les boissons, du coup elle n’avait même pas la possibilité de faire passer le temps en consommant une bière. Après s’être fait accostée plusieurs fois par des hommes dont l’alcool avait remplacé la moindre goutte de sang dans leurs corps, Maya prit son courage à deux mains et partit à la recherche de son amie. Après une heure, les yeux plissés à scruter toutes les jeunes femmes à trois mètres à la ronde, Maya découvrit son ami en galante compagnie.

Formidable… Leia avait rencontré l’homme de sa vie encore une fois et après avoir discuté deux minutes avec elle, s’était sauvée en direction de leur tente plantée dans les champs pour passer un moment de pur bonheur en tête à tête avec un homme donc elle ne connaissait pas le nom. Evidemment Maya n’avait pas récupéré les tickets et Leia lui avait promis de revenir dans une heure tout au plus.

Intenses, deux heures d’attente, intenses… Complètement démoralisée, Maya avait fini par prendre à tâtons le chemin du retour en se disant qu’au moins sur son matelas elle pourrait dormir et faire passer le temps plus vite pour pouvoir rentrer chez elle le lendemain.

Arrivée à leur emplacement au beau milieu d’un champ, Maya constata que Leia était toujours occupée. Elle lui  avait rapidement tendu son sac de couchage à travers l’ouverture tout en lui demandant d’attendre un quart d’heure de plus. Maya prit son sac et voulut s'installer dans un premier temps au milieu du champ mais le passage successifs des festivaliers manquant de lui marcher dessus, elle s'installa dans un coin plus sûre entre la voiture et la tente de camping. Mais là, l'environnement était certes moins dangereux mais pas forcément des plus agréables. Entre les ébats de son amie et une délicate odeur d'urine flottant dans l'air, Maya ne savait plus quoi faire...

Un vrai festival...

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# Photo 3: Ce ciel

Publié le par aulivia

# Photo 3: Ce ciel

Je sais que je vais devoir payer mais j’en meurs d’envie depuis plusieurs heures. Il me nargue, me fait de l’œil, il me tend les bras pour mieux me happer. Cette couleur si intense, à peine polluée par un petit nuage, ce ciel, ce bleu, j’ai envie de le regarder, de plonger dans son immensité comme on plonge dans l’océan. Il se reflète sur les parois d’immeubles, sur les vitrines des magasins, les carrosseries des voitures, dans les feuilles des arbres, sur ma peau. Je marche tête baissée en regardant mes chaussures, c’est à peine si je vois où je vais. Mon chemin pour rentrer d travail, je le connais par cœur, je sais le nombre de pas que je dois faire, pas un de plus sous peine de payer. Je croise les doigts pour ne pas avoir les feux rouges pour les piétons, le chemin coûte trop cher. Et maintenant je n’ai qu’une envie comme une drogue qui me brûle les rétines. Je ne veux pas payer pour quelque chose de si inutile, une envie, mon envie, celle de regarder le ciel. J‘ai bien tenté de le regarder d’une façon détournée mais le reflet sur mes ongles ne donne rien, il y a bien les vitrines de magasins mais les taxes sont là aussi. Ce que tu regardes tu payes ! Nous payons une taxe sur tout aujourd’hui, ce que nous mangeons, ce que nous buvons, les vêtements que l’on porte, le travail que l’on fait. Ils ont poussé le vif jusqu’à nous imposer une taxe sur l’air que nous respirons ( pollution de l’air selon eux) et le nombre de pas que nous faisons lorsque nous marchons (usure de la chaussée qu’ils appellent ça). Certaines personnes sont tellement pauvres qu’elles retiennent une respiration sur deux en se disant que cela leur coûtera peut-être moins cher et régulièrement je vois des personnes me doubler à coups d’enjambées immenses pour gagner quelques mètres de liberté et payer moins cher.  Le monde est tellement à découvert qu’il n’a rien trouvé de mieux que de nous faire payer la note et surtout sur des choses qu’ils ne lui appartient pas. Les hauts dignitaires, les chefs d’état, les dictateurs ont inventé mille et une ruses pour nous faire payer plus, toujours plus. Aujourd’hui nous payons ce que nous regardons et le ciel fait partie des valeurs montantes durant l’été. Ils ont bien compris le principe. Les gens aiment s’allonger dans l’herbe et regarder le ciel, alors pourquoi ne pas les faire payer ce plaisir gratuit !

Peut-être que depuis ma fenêtre en orientant le velux de telle façon que j’aurais le reflet du ciel, je ne payerais que la vue de mon velux…

Encore 23 pas et je serais chez moi. Il ne faut pas que je fasse tomber mes clés, sinon je vais payer (usure de la chaussée, vous savez).

Tant pis je ne mangerai pas ce soir… Je préfère regarder le ciel.

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#Photo 2 : Doze Osentun

Publié le par aulivia

#Photo 2 : Doze Osentun

Le chef a fait élever le grillage encore une fois. Il a peur et cela peut se comprendre. On parle depuis quelques temps de chiens errants voir même de loups qui attaqueraient des troupeaux mais il s'agit de rumeurs encore et toujours, tout comme les alligators dans les canalisations. Faut-il être assez bête pour croire qu'un crocodile de deux mètres de long puisse se faufiler dans des canalisations et se retrouver comme par magie dans la baignoire d'une maison de banlieue. Comme les gens peuvent être idiots et crédules par moment. Mais franchement un loup ou même un chien errant, s'il a vraiment faim, ce n'est pas un pauvre grillage de 2mètres de haut qui l'arrêtera, cela le ralentira tout au plus. Il suffit de gratter et de passer par en-dessous, même moi je le sais et pourtant je ne suis pas le plus intelligent. 

Désolé je m'emballe mais je ne me suis pas présenté, je suis Doze Osentun. Je sais ce n'est pas un nom très courant mais que voulez-vous, je n'ai pas choisi et mes parents non plus. Il s'agit de mon matricule ovin, car oui je suis un mouton. 

Passez-moi les blagues sur les moutons s'il vous plait, cela fait des années qu'on n'en rigole plus. Aujourd'hui, nous ne sommes plus des moutons de Panurge, le pauvre est mort depuis bien longtemps! Nous sommes des bêtes mais nous ne sommes pas bêtes! Vous voyez la différence? 

Donc je disais, le chef il a mis un grillage plus haut mais il n'a pas compris que d'un côté comme de l'autre ce grillage est juste là pour nous ralentir! Caché derrière mon arbre, je regarde le soleil se coucher! Ce soir, je me fais la belle, pas la bête! Je me casse, j'ai ouïe dire des montagnes avec de l'herbe à perte de vue, des vallées où le fourrage est tellement haut qu'il nous cache. Ce soir, je me barre! Je creuse un tunnel et je vais voir si l'herbe est plus verte à côté.

Personne ne pourra m'arrêter, je serais Arsène Ovin le roi des voleurs, David Coppermouton, le roi des prestidigitateurs…

Je profite de ce spectacle à l’ombre de mon arbre. Le soleil est face à moi et poursuit sa course folle vers l’autre côté de la terre. Ce jaune éclatant est tellement intense qu’il en parait presque blanc, il affadit le reste du paysage à partir du moment où on le regarde droit dans les yeux. Les arbres paraissent noirs plutôt que l’intense vert que je contemple à longueur de journée, certains tentent de se démarquer en infligeant leurs ombres à l’astre solaire mais ils font bien pâle figure. Ils paraissent si chétifs tels des bois d’allumettes au milieu d’un brasier. Un seul problème et toujours le même : ce maudit grillage qui donne une allure de tissu vichy à ce si joli tableau. Demain je serais de l’autre côté, en direction de là où le soleil se couche. Demain je reprends ma liberté.

Il va falloir que je m’arme de patience et que je mange bien, dès que tout le troupeau dormira, je partirai !

Désolée, ma mère m’appelle, une sombre histoire de moutons à compter encore une fois. Tous les soirs c’est la même rengaine, il faut compter les moutons ! Non mais franchement quoi de plus ennuyeux, dites-moi ! ça ne vous donnerait pas envie de …. Ouaaaahhh, je baille pardon…dormir, envie de dormir…

Compter les moutons…

Dormir…

Compter les mou…

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#Photo 1 :Hector

Publié le par aulivia

#Photo 1 :Hector

Comme je n'ai pas encore LA super(be) idée pour ma prochaine histoire et pour vous permettre de vous évader encore un peu, j'ai proposé un jeu sur la page facebook de Quatriemedecouverture

Vous postez une phot et juste une photo en commentaire et je m'occupe de vous créer une histoire à partir de là! En espérant que cela vos plaise!

Et c'est parti pour la première photo!

 

 

 

Comme tous les soirs, Hector profitait de l'instant, installé sur le toit d'un immeuble de bureaux, il scrutait l'horizon. D'ici deux-trois minutes, il devrait redescendre et s'activer, mais pour l'instant, il savourait. Les lumières de la ville donnaient une lueur orangée au ciel et se fondait au bleu de la nuit. Il était encore tôt, le soleil venait à peine de se coucher et les étoiles ne se montraient pas encore. Peut-être en verrait-il quelques-unes ce soir! Il avait fait tellement beau aujourd'hui. Malheureusement, et comme souvent ce moment d'accalmie avant la furie de la nuit était l'une des seules fois où il leverait la tête pour regarder le ciel, il le savait. Il avait trop de travail, définitivement trop de travail. Hector passa la main dans ses cheveux bruns, ses doigts descendirent sur son visage et s'attardèrent sur la cicatrice qui barrait sa joue. Les risques du métier, c'est ce qu'il se disait à chaque fois qu'il rentrait chez lui avec une nouvelle marque sur le corps. Heureusement, personne ne l'attendait à la maison et lui seul pouvait constater à quel point son corps était meurtri et abîmé. D'ailleurs comment aurait-il pu expliqué ses bleus, ses coups et toutes ses marques sans qu'on ne devienne suspicieux ou pire qu'on le prenne pour un fou. Mais il aimait ce qu'il faisait, il n'avait aucun remerciement, personne ne le voyait ou alors ceux qui le rencontraient, préféraient l'oublier, comme s'il s'agissait d'un rêve ou d'une vue de l'esprit mais c'était la voie qu'il avait choisi.

 

Hector se leva du parapet sur lequel il était assis et réajusta sa tenue. il sauta d'un pas lest sur le sol et prit son fidèle compagnon dans sa main. Il fallait qu'il se dépêche sinon il allait encore être en retard et sa tâche n'attendait pas, ses concitoyens comptaient sur lui. 

 

Armé de son aspirateur, Il avait tout le bâtiment à nettoyer dans la nuit. Pas moins de 250 bureaux à aspirer, deux fois plus de poubelles à vider, des tables et des chaises à épousseter. Et demain alors qu'il irait se coucher, deux ou trois bleus supplémentaires prouvant à quel point il était étourdi, de jeunes cadres dynamiques se rendraient à leur travail et ne verraient même pas que le ménage avait été fait.

 

FIN

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