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8° La fin d'une époque

Publié le par aulivia

Fatima leur avait préparé un plat de pâtes à la sauce bolognaise avec des boulettes de viande qu’elle avait confectionnées elle-même à partir de steaks hachés et d’épices que Julie avait dans sa cuisine. Elle tint la discussion durant le repas, passant d’un sujet à un autre, évitant à Julie de trop se dévoiler,  et à Monsieur Georges de continuer à parler boulot ! Si elle voulait que son amie tienne la distance, il fallait qu’elle pense à autre chose durant le repas, elle avait assimilé tellement d’informations plus ou moins importantes durant la matinée. Fatima ne voyait pas pourquoi il était si important que Julie nettoie les poubelles tous les premiers vendredis de chaque mois ! Elle ferait bien comme elle l’entendait. Elle savait qu’elle s’en sortirait, et puis même, prendre des décisions et des initiatives, c’est de ça dont elle avait besoin ! L’homme assit face à elle connaissait le passé de Julie et savait par quoi elle était passé avant d’arriver ici. Il ne devait pas poser de questions et n’en avait pas envie à priori. A la différence de beaucoup, il ne paraissait pas curieux, il lui donnait l’image bien différente du stéréotype et de l’image que Fatima avait en tête concernant les concierges. Rien que le titre en lui-même n’était pas flatteur, une fois de plus, il fallait tordre le cou aux idées reçus. Tous les concierges n’étaient pas curieux comme des pies, à l’affut de la moindre information sur ces concitoyens. Monsieur Georges souhaitait par-dessus tout que l’immeuble soit entretenu et que locataires ainsi que les propriétaires soient satisfaits du service. D’où venait Julie et ce qu’elle avait fait avant il s’en fichait. Voilà pourquoi Fatima appréciait cet homme.


Fatima voyait Julie avec des yeux neufs, comme si une nuit dans un nouvel environnement ainsi qu’une nouvelle coupe de cheveux dont elle était très fière soit dit en passant, faisait d’elle une femme toute neuve, prête à affronter une vie différente, plus agréable sans aucun doute. Elle se rappelait encore la première fois qu’elle avait vu la jeune femme. C’était plus de six mois auparavant. Fatima avait reçu un appel d’un ami, lui demandant de passer car il avait quelqu’un qui aurait sans doute besoin de ses services. Ni une ni deux, elle avait stoppé la paperasse qu’elle remplissait pour se rendre là-bas au plus vite. Arrivée devant le commissariat de quartier, Fatima avait de suite su qu’il s’agissait de la jeune femme qui descendait les escaliers à quelques mètres d’elle. Le lieutenant qui enregistrait les plaintes et les mains courantes avait pris l’habitude de l’appeler lorsqu’une femme battue venait pour la première fois porter plainte. Les trois quarts des plaintes étaient souvent retirées par la victime dans les 24h à 48h suivantes, lorsque l’agresseur apprenait qu’il allait être convoqué. Elle était passée par là des années auparavant. Aujourd’hui, par le biais de son association d’aides aux femmes battues, Fatima faisait tout son possible pour les protéger de leurs agresseurs et les aider à s’échapper afin de commencer une nouvelle vie. Elle faisait en sorte que la rencontre soit fortuite, elle mettait des mots sur leur mal-être, elle parlait de son passé trop souvent similaire et les mettait en confiance. Il fallait que l’idée vienne d’elles, ne pas leur donner l’impression de trahir l’être aimé. Il en avait été de même pour Julie. Fatima l’avait accosté à l’entrée du commissariat faisant comme-ci elle ne voyait pas ses traces sur son visage camouflé par de grandes lunettes ainsi que sa main qui se portait régulièrement à ses côtes, prouvant la force des  coups donnés. Elle avait insisté pour prendre le numéro de la jeune femme et l’avait recontacté le lendemain, prétextant une visite dans le quartier. Elle passait la voir régulièrement, lui envoyait des messages ou l’appelait pour voir où elle en était, si l’autre avait recommencé. (Il recommençait toujours, elle le savait mais parfois et par chance cela pouvait prendre du temps. Malheureusement pour sa dernière protégée, l’homme était lâche et avait pris goût aux brimades et aux coups. Elle l’avait donc prise sous son aile, l’avait protégée du mieux qu’elle avait pu.


Et lorsque Julie s’était sentie prête, Fatima lui avait proposé une solution radicale. Julie n’était pas mariée, elle vivait juste en concubinage, elle pouvait donc partir du jour au lendemain. La jeune femme ne s’en sentait pas capable, il aurait fallu qu’elle trouve un appartement, un travail, elle n’avait pas d’argent et ne se voyait surtout pas en demander à ses parents car il aurait fallu qu’elle leur explique ce qui se passait dans son couple. Et comme beaucoup, elle avait honte. Fatima lui avait alors expliqué le rôle de l’association, des moyens mis en œuvre pour l’aider. Trois semaines plus tard, tout était mis en place, un appartement avec un poste de concierge dans un immeuble du centre-ville, un nouveau compte bancaire, un nouveau téléphone sur liste rouge, et enfin le déménagement prévu et organisé pour que tout soit fait dans la journée. Tout était pris en charge par l’association. Julie n’aurait pas d’argent à débourser dans un premier temps. Fatima l’avait rassurée, elle n’en était pas à son coup d’essai, d’ailleurs d’autres femmes seraient là le jour J pour l’aider, des femmes qui avaient vécu la même situation et qui ne la jugeraient pas. Dès ce jour, Julie avait fait preuve de beaucoup de détermination et de sang-froid. Fatima l’avait vu quasiment tous les jours et à aucun moment Julie n’avait laissé transparaitre son stress à l’idée de quitter Rodolphe. La veille, elle n’avait rien changé à ses habitudes, sans aucune fébrilité, comme tous ces autres jours routiniers et pour cela Fatima était épatée, fière ! Quelle surprise il avait dû avoir en rentrant ce soir-là, cet homme qui avait osé lever la main sur elle et la mettre plus bas que terre. Fatima aurait tellement aimé être là, pour voir son visage face à un appartement vide !

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7° une fin, un début

Publié le par aulivia

Julie était nerveuse, stressée, elle contorsionnait ses mains, s’entortillait les doigts les uns aux autres et luttait contre une irrépressible envie de se ronger les ongles. Monsieur Georges, l’homme qui occupait le poste de concierge avant elle et ce durant plus de trente ans, était arrivé à l’heure. Dès qu’elle l’avait vu, qu’il avait passé la porte, elle avait su qu’elle pouvait être en confiance, qu’il ne la jugerait pas et qu’il lui apporterait son aide si toutefois elle en avait besoin pour accomplir au mieux sa tâche. Il avait jeté un regard tout autour de lui, et  lui avait souri ! Une sorte d’acceptation pour elle, comme si elle attendait son aval pour pouvoir investir les lieux. Il avait vécu là pendant si longtemps après tout, elle était encore chez lui et pas vraiment chez elle, elle s’en rendait bien compte. Julie lui avait proposé un café, fière d’avoir remis la main quelques minutes auparavant sur les dosettes pour la machine à café. Elle avait pris le temps de nettoyer les tasses ainsi que toute la vaisselle dans l’évier. Elle lui proposa de s’installer dans le salon mais il refusa poliment  préférant rester dans la loge. Il avait encore ses habitudes. Peut-être était-ce aussi une excuse pour rester face à la porte et croiser les résidents de l’immeuble. Elle comprenait cet homme, elle aussi, avait eu des habitudes pendant des années et reprendre certaines d’entre elles devait être rassurant.

 

plante


Elle voulait faire la meilleure impression possible, qu’il soit rassuré et sache qu’elle ferait tout pour le mieux. Elle déposa les tasses emplies de café fumant accompagnés d’un pot de lait, de quelques sucres sur une coupelle, ainsi que les croissants qu’elle avait acheté peu de temps auparavant et de  quelques feuilles de sopalin pour s’essuyer les mains. Lorsqu’elle passa la porte qui séparait le salon de la loge, Monsieur Georges ouvrait la porte pour laisser entrer Fatima qui arrivait. Julie sourit chaleureusement à son amie, sa sauveuse, toujours là pour elle ! Fatima serra la main de l’homme et déposa sa veste sur la patère située à côté de la porte. Elle se dirigea vers Julie et l’embrassa bruyamment sur la joue, ce qui fit sourire la jeune femme. Selon elle, un bisou n’en était un que lorsqu’on l’entendait !  Fatima prit l’une des tasses à café dans ses mains pour se réchauffer. Elle prit la parole, elle paraissait  à l’aise partout et avec n’importe qui ! A croire qu’elle n’avait peur de rien ni de personne. Julie l’enviait pour ce côté de sa personnalité. Une femme forte, comme elle aurait aimé être. Peut-être arriverait-elle à le devenir ! Fatima fit rouler un élastique qu’elle avait autour du poignet et tout en continuant sa conversation, attacha son épaisse chevelure en un chignon asymétrique. Monsieur Georges avait discuté avec elle par téléphone les semaines précédentes, il connaissait donc la situation de Julie et ne fit aucun commentaire, et n’eut aucun regard interrogateur ou de pitié la concernant. Il était là pour donner des instructions, expliquer son poste, il était rationnel, pragmatique, et elle lui en était reconnaissante. Parler de son passé n’était vraiment pas ce qu’elle souhaitait, l’oublier s’avérait plus simple.


Après avoir échangé les banalités d’usage, tout en prenant leurs cafés et picorant leur croissant, le groupe se mit au travail. Le vieil homme s’était assis à côté de Julie et avait déposé le classeur qu’il avait apporté sur le bureau. Il l’ouvrit et fit découvrir à Julie tous les secrets de l’immeuble. Des plans, des fiches, des listes, des plannings hebdomadaires pour le ménage de la cage d’escaliers, des couloirs, des portes, des fenêtres, mais aussi du local à vélo, de celui des poubelles, les heures de ramassage de celles-ci. Il avait également annoté le plan du sous-sol, une croix là où se trouvaient les disjoncteurs, les fusibles de secours. Pour chaque plan, il lui avait fait une fiche détaillé, ainsi que pour chaque appartement, car en cas de problème, les résidents laissaient leurs clés et Julie avait accès aux logements pour les interventions de plombiers, électriciens ou tout autre corps de métiers devant intervenir dans les plus brefs délais. D’ailleurs, pour cette partie, Georges, (il lui avait demandé de l’appeler Georges) lui avait fait une liste des entreprises avec qui il travaillait normalement, ainsi qu’une liste de secours si les premiers n’étaient pas disponibles. Pour chaque entreprise il y avait en plus des coordonnées, le nom des contacts, des personnes à demander en priorité, bref, une liste VIP des meilleurs réparateurs du coin. Julie ne vit pas la matinée passer, elle écoutait attentivement tout ce que lui disait l’homme, sur le tri du courrier, les problèmes de portes, les vacances, les habitudes des uns et des autres. Elle était subjuguée par le nombre d’informations qu’il lui donnait de tête sans avoir à regarder le classeur! Fatima quant à elle, était restée quelques minutes et s’était ensuite discrètement faufilé dans l’appartement pour continuer à ouvrir les cartons et ranger ce qui pouvait l’être. Julie était entre de bonnes mains et avait du travail. Elle ne vit même pas l’absence de son amie. Il était déjà plus de midi quand elle les interrompit. Elle avait préparé le repas et les invitait à la rejoindre dans le salon pour une pause bien méritée ! Monsieur Georges paressait confiant, Julie beaucoup moins. Ils s’étaient mis d’accord pour voir la partie administrative durant la matinée et faire la visite du bâtiment ainsi que celle de la cour dans l’après-midi. La journée était loin d’être finie !

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6° Pourvu que ça dure

Publié le par aulivia

Monsieur Georges était à la retraite depuis plus de trois semaines et jamais au grand jamais, même pour une coquette somme d’argent, il ne serait retourné travailler. Il vivait pour lui et seulement pour lui aujourd’hui! Un vrai délice. Il se levait quand il le souhaitait même si ses vieilles habitudes étaient tenaces. Tous les matins, il ouvrait les yeux à 6h30. Il souriait et se rendormait après avoir réajusté ses couvertures. Son logement de fonction, il l’avait quitté avec quelques regrets il y avait passé la majeur partie de sa vie dedans, mais toutes ses vacances, ses congés  et ses jours fériés, il les avait passé ici dans la  maison qu’il s’était acheté et qu’il avait rénové dès que le temps et l’argent le lui avaient permis. Une petite maison à l’extérieur de la ville et de son tumulte. Loin du bruit et de la pollution, une petit maison à la campagne avec deux chambres pour accueillir ses neveux de province. Car même s’il ne souhaitait plus vivre sur Paris, il n’avait pas voulu trop s’éloigner. Trop de souvenirs, de bons comme de mauvais moments !

 

L’ancien concierge avait dû mettre on réveil et se lever pour la première fois depuis son départ en retraite. Chose qu’il n’avait plus l’habitude de faire, il l’avait programmé plus tôt, car il avait de la route à faire  avec des bouchons en prime. Mais c’était pour la bonne cause, comme on dit si bien ! Il allait former sa remplaçante, une jeune femme reprenait le poste. Il espérait pour le bien de ses anciens propriétaires, qu’elle serait à la hauteur et qu’elle resterait aussi longtemps que lui. Mais le poste de concierge n’était pas facile, il était bien placé pour le savoir il avait mis sa vie de côté pour ce boulot. Monsieur Georges se prépara et mit son plus beau costume, il en profiterait pour aller voir Mme Paolino, même si cette vieille grincheuse ne le lui montrerait sans doute pas, il savait qu’elle serait contente de le voir. Ils avaient discuté sur son seuil de porte pendant des années, à échanger des banalités sur la pluie, le beau temps et les autres résidents. Il lui faisait ses courses parfois quand le temps était trop humide ou trop froid, il savait qu’il était risqué pour ce petit brin de femme de sortir, elle aurait pu se casser quelque chose. Si sa remplaçante paraissait sérieuse, il lui proposerait peut-être de faire les menus travaux qu’il effectuait en plus de son travail quotidien.

 

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Après avoir jeté un dernier coup d’œil dans le miroir de la salle de bains, et vérifier que ses cheveux étaient bien mis et sa barbe bien taillée, Georges prit a voiture et partit en direction de la capitale. Une longue journée l’attendait, il avait posé sur le siège passager un classeur qu’il avait confectionné au fil des ans, reprenant toutes les informations nécessaires à la bonne marche de l’immeuble. Il avait pensé le laisser dans la loge le jour de son départ, mais ça aurait été donné de la confiture à des cochons si toutefois un syndicat de copropriétés reprenait la gestion, comme pour la plupart des immeubles du centre-ville. Après deux bonnes heures de route, il se gara dans la rue qu’il avait arpentée pendant plus de trente ans. Cela lui faisait tellement bizarre d’être là, comme un étranger, un ancien combattant revenant du front. Tout était similaire mais paraissait différent. Il était pourtant parti depuis moins d’un mois.


Monsieur Georges passa la porte, la vitre était pleine de traces de doigts, elle n’avait pas été faite depuis son départ, il en était sûr ! Idem pour le paillasson non secoué.  Il s’avança lentement dans le hall d’entrée à l’affut de la moindre tâche, de la moindre marque sur le sol et les murs qu’’il avait nettoyés tant de fois. Arrivé devant sa loge, il frappa délicatement à la porte. C’était bien la première fois qu’il effectuait ce geste ! A peine plus d’une seconde passa, et la porte s’ouvrit. Une jolie jeune femme d’’une trentaine d’années se tenait face à lui, rousse, de grands yeux marrons, avec un sourire franc et agréable. Elle se décala pour le laisser entrer et sa première impression se confirma. La loge était propre, aucun carton ne trainait. Une plante verte posée sur le bord du bureau ainsi qu’un cahier et un stylo. Elle comptait prendre des notes ! Il sut alors que tout se passerait bien et que son immeuble serait entre de bonnes mains.

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5° ça déménage

Publié le par aulivia

Depuis le départ de Monsieur Georges quelques semaines auparavant, Marie s’était posée une multitude de questions. Qui allait remplacer le concierge ? Un homme, une femme, un couple sans enfant évidemment, le logement n’avait qu’une chambre. Les vieux, les autres, mangeaient en regardant la télévision, s’endormaient devant et s’abrutissaient surtout. Elle n’était pas de ceux-là ! Son péché mignon à elle, regarder ce qui se passait autour, écouter les allées et venues, non pas pour critiquer, juste pour s’informer, car pour elle la vie de ses concitoyens était un feuilleton bien plus intéressants que les soupes insipides qui défilaient à l’écran. Depuis le départ en retraite du concierge, elle avait surveillé les allers et venues mais rien ne s’était produit à croire que personne ne reprendrait le poste. C’était désespérant !

 

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Cette après-midi-là, alors qu’elle faisait sa vaisselle, Marie avait vu un camion se garer juste devant l’immeuble. Elle avait de suite compris qu’il allait y avoir du mouvement. Une chance, elle n’était pas descendue prendre son courrier dans la boite. Durant l’absence de concierge, une boite aux lettres commune avait été posée sur la porte d’entrée et chacun faisait le tri entre les plis adressés aux uns et aux autres. Cela lui donnait une raison de plus de se promener dans l’immeuble ! Et elle pourrait aller à la pêche aux infos. Qui se soucierait d‘une vieille femme aux cheveux blancs qui posaient quelques questions !

Un quatuor de déménageurs était descendu du mastodonte. Ils attendaient devant la porte, fumant une cigarette pour certains, tout en discutant. Quelques minutes passèrent, sa vaisselle toujours dans l’évier, Marie patientait elle aussi, elle ne voulait surtout pas rater son arrivée ! Elle vit au bout de la rue une petite voiture blanche arriver, elle ralentit à hauteur des quatre hommes, une femme brune leur dit d’une voix forte qu’elle se garait et venait leur ouvrir tout de suite après. C’était donc une femme ! Etait-elle mariée ? Il fallait qu’elle en sache plus, mais pour cela elle devrait s‘armer de patience.

Durant les trois heures qui suivirent et habitant l’appartement juste au-dessus de la loge, Marie put entendre les allées et venues, les meubles déposés puis déplacés, les voix graves et fortes des hommes. La porte d’entrée avait été bloquée pour leurs faciliter les allers retours. Marie sentait un léger courant d’air s’infiltrer sous sa porte. Elle avait jeté un œil par la fenêtre mais avait constaté à regret que la voiture blanche était repartie. Mais comment pouvait-on laisser des inconnus s’occuper de son déménagement ? Et surtout cette jeune femme allait-elle revenir plus tard dans la soirée ? Marie vit l’heure, il se faisait tard et elle attendait un visiteur d’un instant à l’autre. Elle n’avait plus le temps de surveiller l’entrée de l’immeuble. Il faudrait qu’elle patiente jusqu’au lendemain. Quelle frustration ! Elle souleva une dernière fois le rideau de dentelle qui cachait la rue, espérant voir apparaitre la jeune femme mais rien.

Un léger grattement se fit entendre. Il était là et la patience n’était pas la plus grande ses qualités, Marie le savait et ne voulait surtout pas le contrarier. La vieille femme sortit de la cuisine pour aller ouvrir à son ami.

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4° Café, croissants

Publié le par aulivia

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      Julie devait répondre quelque chose. Elle n’allait pas laisser cet homme le bras tendu éternellement.

Elle déglutit bruyamment et lui serra la main. Une main chaude et ferme. Son interlocuteur paraissait aussi mal à l’aise qu’elle.

-  Bonne pioche, c’est bien moi ! Elle tentait de prendre un ton gai mais avait surtout l’impression d’en faire deux fois trop. Sa voix était trop aiguë et témoignait de son stress.

-  Enchanté, je suis le propriétaire du 2D. Euh… Pendant un instant il semblait avoir oublié  son nom.  Pierre Ronce. Lui dit-il en souriant.

Julie prit le temps de détailler l’homme qui se tenait face à elle. Une petite cinquantaine, il avait le front haut et ses tempes se dégarnissaient. Ses yeux marrons étaient cachés derrière une paire de lunettes verte à monture épaisse. Il portait une veste noire surmontée d’une écharpe grise enroulée à la hâte, et on pouvait deviner qu’il portait un costume cravate, à son pantalon droit. Ses chaussures noirs étaient propres mais pas de toute première jeunesse. Un bureaucrate sans aucun doute.  Cependant son manque d’assurances face à elle, témoignait qu’il n’était pas très à l’aise en public. Il était toujours face à elle, et la détaillait de la même façon. Elle avait l’impression de passer un entretien d’embauche car s’il s’agissait d’un propriétaire. C’était un de ses employeurs au final.

- Julie Perrin, enchantée.

- Je me rendais à mon travail, et je ne voudrais pas être en retard, mais je pense que l’on se croisera sous peu ! Passez une bonne journée ! Et il partit aussi vite qu’il était arrivé. Il traversa le hall et se dirigea vers la porte vitrée qui donnait sur la rue.

- Vous aussi ! lui répondit-elle.

Il passa la porte et lui fit un signe de la main. Julie le regarda disparaitre et pria pour que tous les autres habitants de l’immeuble soient aussi sympathiques. Elle fit tourner la clé dans la serrure et glissa le trousseau dans la poche de sa veste. Son idée première la taraudait toujours, un café, il lui fallait un café pour bien démarrer sa journée. Elle suivit le même chemin que Pierre. Arrivée à l’extérieur, le froid hivernal la saisit, elle n’avait que sa veste et n’avait pris ni écharpe ni bonnet. La température frisait les cinq degrés tout au plus. Elle descendit les trois marches du perron à  la volée et prit sur la droite en direction du bar qui devait se trouver à une centaine de mètres au coin de la rue. Il était encore tôt mais ce genre d’établissement, elle l’espérait, devait déjà être ouvert. Il faisait encore nuit et les lumières du bar éclairaient faiblement le trottoir. Bonne pioche !

Elle ralentit le pas et poussa la porte pour entrer. La chaleur l’enveloppa et l’odeur du café fraichement moulu lui mit du baume au cœur. Le décor était à l’image d’un bar de quartier.  Quelques tables et chaises d’un côté et un bar en bois et chrome imposant affublé de tabourets fatigués de l’autre. Le cafetier était assis sur l’un d’entre eux et lisait son journal tranquillement pendant que deux hommes aux visages fatigués consommaient à une table au fond de la salle. Elle s’approcha et salua l’homme timidement. Il se leva laissant son journal là où il en était et fit le tour pour se mettre à son poste. Il lui demanda ce qu’elle désirait. Et après avoir obtenu sa réponse, actionna le moulin situé juste à côté du percolateur. L’odeur était encore plus forte à présent. Et le ronronnement de la machine lui indiqua que sous peu elle pourrait consommer sa dose du matin. Il place la tasse sur une soucoupe et déposa le tout face à Julie. Elle prit la tasse et souffla quelques instants sur le breuvage d’un noir intense. Enfin ! La première gorgée réchauffa sa langue et sa gorge et elle sentit la chaleur inonder son corps. Le carburant avalé, la machine était en route ! Elle paya l’homme et sortit aussi vite qu’elle était entrée. Elle passa par la boulangerie pour prendre des croissants avant de rentrer à l’appartement pour attendre son amie qui devait arriver une demi-heure plus tard. Fatima lui avait dit qu’elle viendrait avec l’ancien concierge qui avait pris sa retraite quelques semaines auparavant pour lui expliquer en quoi consistait son nouveau travail.

Julie profita des minutes qui restaient afin d’ouvrir des cartons supplémentaires. Elle détestait vivre dans le désordre et plus tôt cette besogne terminée, plus vite elle serait soulagée.

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3° Comme un éléphant ...

Publié le par aulivia

Impossible de se rendormir. Julie avait beau se retourner dans tous les sens, elle n’avait plus sommeil. Elle sentait ses yeux rougies, ainsi que sa gorge qui la grattait comme après ses longues nuits d’insomnie, mais rien à faire elle était belle et bien réveillée. Et elle savait à coup sûr que fermer les yeux la ramènerait à son cauchemar. Un coup d’œil sur sa montre lui confirma ses doutes, il était un peu plus de 6 heures trente, elle avait dormi bien plus longtemps qu’elle ne le pensait, mais il n’en restait pas moins que sa journée s’annonçait longue et intense. Une douche bien chaude lui ferait le plus grand bien mais avant ça elle avait besoin d’un café. Elle s’assit sur le bord de son lit et prit quelques secondes avant de se lever. Ses épaules étaient douloureuses, et son cou la tiraillait. Le déménagement et tout ce qui s’étaient passés ces dernières semaines rejaillissaient maintenant. Mais elle ne pouvait pas flancher. On lui donnait une chance de reprendre sa vie à zéro, d’être heureuse et elle ne voulait surtout pas la gâcher. Cette nouvelle vie serait la sienne et elle la mènerait comme bon lui semblait. Julie étendit ses bras perpendiculairement à son corps et entreprit quelques moulinets afin de décoincer ses épaules. Elle fit de même avec son cou. Ses cheveux lui caressaient la nuque à chaque passage. Elle se leva enfin, prête à affronter sa journée.

 

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Elle se dirigea pieds nus, vers la cuisine, ouvrit les placards face à elle dans l’espoir de découvrir des dosettes pour la machine à café. Mais il lui semblait que lors de son rangement de la veille, elle n’avait pas ouvert de carton rempli de ses trésors caféinés. Elle ouvrit le frigo. Quelqu’un, sans doute Fatima avait pris le temps de ranger tous les produits frais à l’intérieur, mais rien ne l’attiraient. Elle avait besoin d’un café mais n’avait aucun moyen de s’en faire un. Soit, elle voulait commencer une nouvelle vie, alors pourquoi ne pas tenter de boire un thé pour une fois. De toute façon, c’était sa seule option. Elle avait vu la boite dans le placard au-dessus de l’évier. En bonne maîtresse de maison, elle avait toujours eu un assortiment de thés et d’infusions à proposer à ses invités. Mais y avait-il un thé saveur café ? Malheureusement non ! Elle lut les différentes étiquettes et choisit  un sachet saveur vanille. Elle mit de l’eau dans la bouilloire qu’elle brancha sur le plan de travail près de l’évier. Ses tasses étaient posées sur une pile d’assiettes dans le fond de l’évier, attendant d’être lavées. Julie prit l’une d’entre elle et la passa sous l’eau chaude, elle lava l’intérieur avec sa main et la secoua deux trois fois pour évacuer le surplus d’eau sur la porcelaine. Elle n’avait pas encore trouvé le carton contenant les torchons et les serviettes. L’eau bouillait et le clic de la machine lui indiqua qu’elle pouvait se servir. Elle déposa le sachet dans le fond et versa l’eau par-dessus. Elle n’avait jamais aimé le thé, elle préférait le goût corsé que lui procurait l’une de ses dosettes d’expresso.  Elle versa un peu d’eau froide dans sa tasse et la porta à ses lèvres. Une eau chaude saveur vanille, rien de plus. Décidément, elle n’était pas fan. Lorsque Fatima l’avait déposée ici, elle avait constaté qu’au bout de la rue, il y avait une boulangerie ainsi qu’un bar genre PMU ! Elle pourrait consommer un petit noir avant d’entamer sa journée. Elle se dirigea d’un pas décidé vers la salle de bains, son idée en tête, pour prendre une douche rapide. Il ne lui fallut que quelques minutes pour se préparer. Sa coupe de cheveux était toujours aussi fringante et elle passa juste les doigts pour démêler certaines mèches et remettre  sa frange en place. Elle fila dans sa chambre pour enfiler des sous-vêtements propres ainsi qu’un jean et un pull qu’elle prit au hasard dans la pile au pied de son lit. Elle enfila son manteau qu’elle avait déposé sur le dos du canapé la veille. Elle fouilla dans son sac à la recherche de quelques euros. C’est alors qu’elle découvrit une enveloppe à son nom. Elle reconnut l’écriture de son amie. A l’intérieur, deux billets de vingt euros, une aubaine, Fatima savait qu’il lui faudrait un peu de temps pour s’organiser. Elle n’avait pas encore reçu sa nouvelle carte de crédit et de toute façon n’avait aucune rentrée d’argent. Elle souriait en pensant à sa sauveuse, tout en déverrouillant la porte de la loge. Elle s’arrêterait à  la boulangerie au retour pour lui prendre un croissant en guise de remerciement. Elle était en train de tourner la clé dans la serrure, lorsqu’elle entendit quelqu’un descendre les escaliers en courant. Les pas résonnaient sur chaque marche en bois. Les pieds avaient atteint le dernier palier avant celui du rez-de-chaussée. Julie se figea, elle ne savait pas quelle attitude adoptée. Elle l’avait l’impression de ne pas être à sa place comme prise en faute. Elle tourna la tête vers la source du bruit, et au même moment l’individu atteint le carrelage. L’homme fut tout aussi surpris qu’elle. Ils se fixèrent un instant. L’un attendant que l’autre fasse un geste ou dise quelque chose.

L’homme avala bruyamment sa salive et s’avança vers elle, la main tendue.

-          « Bonjour, Madame, vous devez être notre nouvelle concierge ? »

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2° De découverte en découvertes

Publié le par aulivia

 

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    Julie ferma la porte à clefs, puis poussa le loquet qui permettrait d’entrebâiller la fenêtre. Savoir que personne ne pourrait rentrer la rassurait. Elle pouvait vaquer à ses occupations. Elle se dirigea vers le fond de la pièce, poussa une seconde porte et atterrit dans un salon encombré par ses affaires. Deux grandes fenêtres donnaient sur la cour intérieure. Les lumières des immeubles environnants donnaient une certaine clarté à la pièce, comme si une télé était allumée quelque part et éclairait l’endroit. Après avoir allumé la lumière, elle constata qu’un semblant d’organisation régnait dans son salon, les personnes qui s’étaient occupées du déchargement pendant son absence avaient tenté de disposer au mieux les meubles pour qu’elle n’ait pas à déplacer les objets les plus lourds, seule. La disposition lui plaisait. Le canapé était disposé face aux fenêtres et le meuble télé se trouvait pile en face, le tout séparé par sa table basse en verre. Sur la droite, quelqu’un avait agencé sa table et ses quatre chaises et de l’autre côté du salon, son buffet adossé au mur était recouvert de boites. Des cartons étaient entreposés sur la moindre surface plane. Elle se demanda dans lequel d’entre eux pouvait se trouver son nécessaire de toilettes, il en était de même pour ses pyjamas. Elle fit les quelques pas qui la séparait des premières boites et prit son courage à deux mains. Il ne lui restait plus une chose à faire, ouvrir et ranger ! Elle se mit au travail et ne s’arrêta pas durant les quatre heures suivantes. Elle triait tout ce qui avait été mis en boite durant la matinée, faisant des allers retours incessants entre les différentes pièces de son logement. L’appartement était plus petit que le précèdent mais assez bien organisé au final, et surtout, c’était le sien. Mise à part le bureau à l’entrée, elle disposait d’un salon d’une vingtaine de mètres carrés aux murs jaunes pâles, avec une porte sur la droite qui donnait sur une cuisine équipée carrelée blanche et rouge, vieillote mais fonctionnelle. A l’opposé un sas plus qu’un couloir laissait place à une salle de douche, aux toilettes et enfin à une petite chambre où les déménageurs avaient réussi par on ne sait quel miracle à loger son armoire contre un mur, son lit à l’opposé ainsi qu’une table de chevet et sous la fenêtre une commode qu’elle tenait de sa mère. Sur le matelas, une pile de cartons supplémentaires la narguait. Elle put alors constater qu’emménager était bien plus long que déménager, surtout lorsque l’on passait de huit personnes à une seule. Une chance pour elle, lors de son déballage, elle avait pu trouver emballées plus ou moins soigneusement, ses affaires de toilettes ainsi que la plupart de ses vêtements dont un vieux tee-shirt bleu délavé qui lui servirait de chemise de nuit pour ce soir. Elle se dirigea d’un pas fatigué vers la salle de bains. Elle récupéra une serviette de toilette sur le tas qu’elle avait posé à côté de l’entrée et alluma la lumière. Elle alluma la rampe de spot qui encadrait le miroir et se découvrit à nouveau. Face à elle se tenait cette femme rousse, à la coupe de cheveux parfaite. Ses yeux marrons en amandes étaient mis en valeur. Elle aimait son nouveau look mais n’était pas encore habituée à l’image que lui renvoyait le miroir. Elle se brossa les dents énergiquement pendant deux bonnes minutes et pencha la tête pour se rincer la bouche directement au robinet. L’eau fraiche lui fit un bien fou. Elle avait passé sa soirée à ranger et n’avait même pas pris le temps de boire ou de manger quelque chose. L’ampleur de la tâche l’avait accaparé. Et la seule chose dont elle rêvait maintenant était de se coucher et dormir d’un sommeil sans rêve jusqu’au lendemain matin.  Fatima serait là vers 8 heures. Il faudrait donc qu’elle se lève un peu plus tôt pour pouvoir avancer dans le rangement et l’organisation de son appartement afin d’avoir l’esprit disponible pour emmagasiner toutes les nouvelles tâches qui incombaient à sa fonction de concierge.

N’ayant pas trouvé le carton qui contenait les draps ainsi que les housses, Julie prit sa couette qu’elle déposa sur le matelas. Elle était trop fatiguée pour ouvrir la trentaine de cartons qui restaient et se dit que pour une nuit, cela ferait l’affaire. Elle prit le temps de fermer les volets en métal pour plonger la pièce dans une totale obscurité. Elle était seule ici et n’avait donc pas à avoir peur. Elle s’assit sur son lit et prit de grandes inspirations. C’était la première fois depuis plusieurs années qu’elle dormirait seule dans son lit. Elle n’avait plus rien à craindre. Elle tenta à plusieurs reprises d’inspirer et d’expirer lentement mais son cœur battait la chamade. Elle avait besoin de discerner les meubles, les murs. Elle se releva et se dirigea à tâtons vers l’interrupteur, la lumière la rassura de suite. Elle prit sa lampe de chevet qui attendait par terre et la posa sur sa table de nuit après l’avoir branchée. Elle l’alluma et put enfin éteindre le plafonnier. Elle était prête, sa bouée lumineuse serait là en cas de peurs ou de cauchemars. Julie s’allongea et prit un des pans de sa couette pour se couvrir. Elle fera les yeux et attendit. Elle fixait le voile rosé de ses paupières et tentait de s’accrocher à une parcelle de rêves agréables pour passer la nuit.

Elle ne sut pas combien de minutes ou d’heures passèrent mais elle eut l’impression de ne pas avoir vraiment dormi, peut-être s’était-elle assoupi et il en avait profité. Elle sentait sa présence. Assis sur le bord du lit, il la regardait dormir. Julie savait qu’il ne fallait pas qu’elle bouge, ne serait-ce qu’un cil. Elle tenta en vain de garder une respiration calme et régulière mais son cœur s’emballait. Sous peu, il se rendrait compte qu’elle feignait de dormir. Et le résultat en serait pire. Il détestait le mensonge.  Julie prit sur elle, elle était tétanisée et  chaque muscle de son corps était crispé dans son effort d’immobilisme. La peur l’envahissait peu à peu. Elle avait beau lutter, elle savait qu’il serait difficile pour elle de prendre le dessus.  Son cerveau tournait à toute vitesse. Elle voulait faire quelquechose mais l’endormissement ne lui permettait pas d’avoir les idées claires. Dans un recoin de sa tête, quelque chose tentait de la rassurer. Elle fit un effort pour réfléchir et oublier ne serait-ce que quelques secondes la menace qui planait sur elle. La jeune femme tenta de rassembler ses esprits.  C’est alors qu’elle comprit, elle se rappelait de sa journée  maintenant. Elle était partie et dormait dans son nouvel appartement. Il ne pouvait en aucun cas savoir qu’elle était là ! Elle n’avait prévenu personne de sa fuite, pas même ses parents, seule Fatima était au courant. L’ombre qu’elle croyait sentir était juste un douloureux souvenir de ces dernières années. Pour s’en convaincre, elle fit un effort surhumain, et ouvrit les yeux. Sa lampe de chevet éclairait la pièce telle qu’elle l’avait laissé en se couchant. Elle était seule et aucun bruit ne témoignait de la présence d’un autre individu dans l’appartement.

 

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1° Faire du neuf avec du vieux!

Publié le par aulivia

 

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     Julie était face à la porte de son nouvel appartement. Elle ressemblait aux portes d’antan avec sa fenêtre sur la partie haute qui permettait aux visiteurs de voir ce qui se passait derrière. Mais comme aucune lumière ne filtrait, la jeune femme ne put distinguer que quelques ombres à l’intérieur. Debout face à la vitre, elle distinguait son reflet. Une jeune femme inquiète avec une nouvelle coupe de cheveux lui faisait face. Julie baissa les yeux. La femme qui la regardait un instant auparavant, paraissait tellement différente.

Elle tenait un trousseau comprenant une multitude de clés dans sa main gauche. Elle devrait bientôt toutes les connaître car elle en aurait besoin. Elle savait qu’elle ne devait pas s’inquiéter car tout lui serait expliquer dans les jours à venir. Mais elle était anxieuse. Si elle n’y arrivait pas, qu’elle n’était pas à la hauteur, alors qu’allait-il se passer ? Le cœur battant, elle se mit à a recherche du sésame lui permettant d’ouvrir l’appartement, son appartement. Elle savait que les déménageurs s’étaient occupés de tout, ils avaient déposé les meubles dans les pièces prévues et les cartons là où il restait de la place. Mais elle n’était pas là pendant le déchargement. Car durant cette journée mouvementée, la jeune femme avait suivi le mouvement, elle avait effectué les tâches tel un automate, emballant vaisselle, bibelots et linge de maison. Donnant des indications aux personnes qui étaient là pour l’aider et enfin lorsque tout ce qu’elle possédait parti vers son nouveau domicile, Fatima lui prit la main et lui annonça qu’il fallait maintenant s’occuper d’elle. Selon elle, pour un nouveau départ, rien de tel qu’une nouvelle tête ! Elle l’avait donc emmenée chez le coiffeur, où celui-ci avait opté pour un changement radical. Comme à son habitude, Julie n’avait fait preuve d’aucune résistance, ce n’était pas dans ses habitudes, elle était suiveuse et surtout pas meneuse. De plus, tout s’était passé tellement vite, qu’un moment de détente où l’on prendrait soin d’elle, elle n’allait pas cracher dessus, surement pas. La jeune femme passa la main sur son cou. Sa nuque était dorénavant dégagée et ses cheveux qu’elle avait portés longs durant des années étaient aujourd’hui mis en avant avec une couleur d’un roux lumineux appelé écureuil chaud ainsi qu’un carré plongeant. Elle pouvait sentir la taille courte qui dévoilait sa nuque et juste au-dessus, la coupe déstructurée qui s’échappait vers l’avant pour encadrer son visage.  Telle une enfant, elle bougea la tête des deux côtés pour sentir ses cheveux bouger en rythme. Et comme toute femme, elle se dit qu’elle découvrirait demain ce qu’il resterait de sa coiffure après avoir dormi dessus, et si après un bon lavage, elle pourrait se recoiffer seule et sans encombre. Elle sourit pour elle-même. Elle avait beaucoup aimé la personne qu’elle avait vue dans le miroir au salon. Et ce fut cette pensée qui lui donna le courage pour effectuer l’étape suivante.

Le trousseau toujours en main, elle saisit une des clés où était collée une gommette rouge en forme de cœur. Fatima lui avait dit qu’il s’agissait de la clé de son appartement. Elle s’en souvenait maintenant. Pour sa défense, cette journée avait été très longue et épuisante. Elle avait eu beaucoup de choses à gérer dans un temps très restreint ainsi que beaucoup d’informations à assimiler. Son amie lui avait proposé de rester plus longuement avec elle, mais comme à son habitude, Julie ne voulait déranger rien ni personne. Elle avait donc décliné l’offre de son amie, et lui avait promis qu’elle s’en sortirait et qu’elles se verraient sans faute le lendemain de bonne heure afin de commencer son nouveau travail. Julie tourna la clé et poussa la porte. Elle appuya sur l’interrupteur qui se trouvait sur la gauche. Une ampoule éclaira maladroitement une pièce de quelques mètres carrés envahit par les cartons. L’ancien locataire avait laissé un bureau en bois sombre ainsi qu’une chaise et juste derrière un secrétaire vétuste. Julie referma la porte et s’y adossa. C’était donc ici qu’elle allait passé une grande partie de ses journées dorénavant. Une boule de nerf lui bloqua la gorge. Et si elle ne convenait pas au poste, elle ne perdrait pas seulement ce nouveau travail, mais aussi le logement qui allait avec. Fatima avait totalement confiance en elle et lui avait promis qu’elle ne serait pas seule les premiers temps. Mais Julie ne savait même pas en quoi consistait le travail de concierge dans un immeuble. Elle n’avait que l’image que les films et les séries qu’elle regardait auparavant à la télévision voulaient bien montrer. Une femme aigrie distribuant le courrier à des propriétaires ingrats et désagréables et le nettoyage quotidien des escaliers. Elle n’avait pas osé poser de questions et se contentait de voir ce travail comme sa planche de salut. Il fallait maintenant qu’elle soit à la hauteur.

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Nouvelle quotidienne

Publié le par aulivia

Hello les p'tits poulets!

 

Si certains me suivent sur facebook (juste , allez-y c'est gratuit, ça me fera plaisir, je ferais des sauts de cabri, promis promis!), ils savent que j'ai proposé ces derniers jours de me lancer dans une histoire un peu différente.

A la manière des bandes dessinées, ou des "soap" que vous pouvez retrouver dans les journaux (papiers), je souhaiterais faire de même avec une nouvelle de mon crue. Evidemment, je ne vous promets pas de publier des pages, des pages et encore des pages tous les jours, je ferai en fonction de ma disponibilité et de mes idées mais je vais tenter un maximum de publier un chapitre plus ou moins long chaque jour.

J'espère que cette nouvelle va vous plaire. Par ailleurs, n'hésitez pas à commenter, à mettre ce qui vous plait (et vous déplait !) et pourquoi pas me donner des idées pour permettre à notre personnage d'avancer dans cette histoire et dans sa vie!

J'attends de vous de la participation!!

 

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Pour celles et ceux qui se demandent mais QUI? QUAND? COMMENT? POURQUOI? Vous en saurez un peu plus ce soir!  

Car le premier chapitre sera en ligne à 18H00!


J'espère que vous aurez autant de joie à le découvrir que j'ai eu à l'écrire!

 

Bonne journée!

 

Aulivia

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Nouvelle: "C'est fini!"

Publié le par aulivia

Rodolphe montait la quinzaine de marche qui le séparait de son appartement. Sa journée de travail avait été harassante. Il était vanné. Pas mécontent d'être enfin de retour à la maison. Il savait qu'il allait enfin pouvoir s'asseoir et se prélasser dans son canapé, la dans une main devant un programme pas trop compliqué à regarder les paupières mi-closes et  une bière dans l’autre. Julie devait déjà être à cette heure dans la cuisine à préparer le dîner. Arrivé devant la porte, il fut étonné de trouver porte close. Rodolphe chercha ses clés dans sa sacoche tout en se demandant où pouvait-être sa femme à cette heure-ci. Peut-être lui avait-elle laissé un message sur son téléphone, sachant qu’il n’avait pas pris le temps de le regarder depuis qu’il était parti du bureau. L’homme poussa la porte et appuya sur l’interrupteur pour éclairer l’entrée de l’appartement. Face à lui, là où se trouvait normalement un miroir, un post-it vert était collé sur le mur.


« C’est fini ! »


Rodolphe prit la feuille sans comprendre. Ce ne fut que lorsqu’il tourna la tête vers le salon  que ces deux mots prirent tous leurs sens. La pièce était vide, entièrement vide. Là où devait se trouver le canapé en cuir noir et la table basse, il n’y avait plus rien mise à part quelques moutons de poussières. Incrédule, il avança dans la pièce ne découvrant rien d’autre que les murs au papier peint jaunâtre. Ce matin encore, il y avait une table et des chaises et sur un pouf près de la fenêtre une orchidée dans un joli pot. Rodolphe fit demi-tour et longea le couloir en direction de la chambre à coucher. Il ouvrit la porte, se demandant si dans un excès de zèle, Julie n’avait pas déplacé tous les meubles pour refaire la décoration et lui faire une surprise. Tenant toujours le message dans le main, il sentit que le décor fantomatique qu’il avait découvert quelques instants plus tôt ne présageait rien de bon. La main sur la poignée, l’appréhension lui noua la gorge. IL prit une grande inspiration avant de pousser la porte. La pièce était dans la pénombre et seul le réverbère de la rue, se reflètait sur les murs. Son lit, les deux petites tables de chevets qu’ils avaient choisi ensemble ainsi que l’armoire, il n’y avait plus rien. Sans même avoir à allumer la lumière, Rodolphe savait que cette pièce était aussi  vide que son salon et que toutes les autres devaient l’être aussi. Julie était partie et elle avait emmené la totalité de leur appartement avec elle. Et tout cela en une journée. Rodolphe fit un  effort pour se remémorer sa matinée. Rien dans l’attitude de sa femme ne pouvait présager cela. Après s’être préparé, il s’était rendu dans la cuisine où Julie lui avait servi son café et ses toasts comme à son habitude. Ils avaient discuté quelques instants de leurs journées à venir et suite à cela, après un rapide baiser, il était parti pour son travail. Elle avait bien joué son coup. Une telle organisation, elle devait préparer cela depuis des semaines et il n’avait rien vu venir. D’ailleurs, elle avait dû demander de l’aide à des amis ou à sa famille, réserver un camion, prévoir des cartons, du scotch, des journaux pour emballer les choses fragiles. En plus, elle n’aurait jamais pu transporter tous les meubles toutes seules. Elle était bien trop fragile. Comme avait-elle pu oser lui faire ça, alors qu’il avait tout sacrifié pour la rendre heureuse. Grâce à son travail à la banque et à son salaire plus qu’honorable, elle n’avait pas besoin de travailler. Elle pouvait rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères et faire ce dont elle avait envie. Et voilà comment elle le remerciait, elle s’emparait de tout ce qu’ils avaient construits tous les deux pendant ces cinq dernières années et se contentait d’un mot sur un post-it. Rodolphe se dirigea vers la cuisine. Il alluma la lumière pour découvrir une nouvelle fois, une pièce vide. Seul le meuble où reposait l’évier était encore là, une blague il faisait partie de la location, c’était donc normal. Une éponge encore humide trainait sur la paillasse. Voilà ce qui lui restait, une vieille éponge crasseuse et des moutons de poussières. Rodolphe prit le temps de dénouer sa cravate. Il avait chaud. Il sentait son sang battre la mesure dans sa tempe. Comment avait-elle pu lui faire ça et pourquoi ? Elle l’avait abandonné. Qu’allait-il devenir sans elle ? Tant de questions sans réponses. Il prit son téléphone dans sa poche et consulta ses messages mais ne découvrit rien de nouveau. Il appuya sur l’écran pour accéder aux derniers appels. « Amour », le premier numéro de son répertoire ! Il devait lui parler, savoir ce qui c’était passé ! Peut-être avait-elle une bonne raison ! Au bout de quelques secondes, une voix mécanique lui annonça que le numéro de son correspndant n’était plus attribué. Elle avait donc coupé sa ligne et il n’avait aucun moyen de la joindre. Il fit défiler les numéros à la recherche de celui des parents de Julie mais après quelques instants, il dut se rendre à l’évidence, le numéro avait été effacé. Ils habitaient à plus de 700 km de là. Il ne pouvait donc pas se rendre chez eux dans l’instant. Il faudrait qu’il recherche leur numéro sur les pages jaunes. Ils pourraient sans doute li donner une explication à l’acte de leur fille. Elle était peut-être devenue folle ! Et c’était mis en tête de partir dans une secte. Son téléphone toujours en main, il ferma les yeux à a recherche d’une réponse plausible. En quelques minutes, les émotions défilèrent. Après l’incompréhension et la tristesse, c’était maintenant la colère qui pointait le bout de son nez. Ou alors, elle avait un amant ! Voilà, c’était cela et il ne pouvait pas en être autrement. Il avait été trop con. Laisser sa femme tous les jours seule chez eux. Il pensait qu’elle attendait sagement son petit mari alors qu’elle prenait du bon temps. Il lui faisait confiance et elle était bien foutue de sa gueule. Rodolphe bouillait intérieurement et  se sentait comme un lion en cage, une cage vide d’ailleurs. Il prit le post-it qu’il tenait toujours dans sa main et l’écrasa d’un coup sec.


Au final, elle l’avait bien mérité sa dernière branlée. Un nez et une côte cassés, ça valait bien ça !

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