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Nouvelle: "C'est fini!"

Publié le par aulivia

Rodolphe montait la quinzaine de marche qui le séparait de son appartement. Sa journée de travail avait été harassante. Il était vanné. Pas mécontent d'être enfin de retour à la maison. Il savait qu'il allait enfin pouvoir s'asseoir et se prélasser dans son canapé, la dans une main devant un programme pas trop compliqué à regarder les paupières mi-closes et  une bière dans l’autre. Julie devait déjà être à cette heure dans la cuisine à préparer le dîner. Arrivé devant la porte, il fut étonné de trouver porte close. Rodolphe chercha ses clés dans sa sacoche tout en se demandant où pouvait-être sa femme à cette heure-ci. Peut-être lui avait-elle laissé un message sur son téléphone, sachant qu’il n’avait pas pris le temps de le regarder depuis qu’il était parti du bureau. L’homme poussa la porte et appuya sur l’interrupteur pour éclairer l’entrée de l’appartement. Face à lui, là où se trouvait normalement un miroir, un post-it vert était collé sur le mur.


« C’est fini ! »


Rodolphe prit la feuille sans comprendre. Ce ne fut que lorsqu’il tourna la tête vers le salon  que ces deux mots prirent tous leurs sens. La pièce était vide, entièrement vide. Là où devait se trouver le canapé en cuir noir et la table basse, il n’y avait plus rien mise à part quelques moutons de poussières. Incrédule, il avança dans la pièce ne découvrant rien d’autre que les murs au papier peint jaunâtre. Ce matin encore, il y avait une table et des chaises et sur un pouf près de la fenêtre une orchidée dans un joli pot. Rodolphe fit demi-tour et longea le couloir en direction de la chambre à coucher. Il ouvrit la porte, se demandant si dans un excès de zèle, Julie n’avait pas déplacé tous les meubles pour refaire la décoration et lui faire une surprise. Tenant toujours le message dans le main, il sentit que le décor fantomatique qu’il avait découvert quelques instants plus tôt ne présageait rien de bon. La main sur la poignée, l’appréhension lui noua la gorge. IL prit une grande inspiration avant de pousser la porte. La pièce était dans la pénombre et seul le réverbère de la rue, se reflètait sur les murs. Son lit, les deux petites tables de chevets qu’ils avaient choisi ensemble ainsi que l’armoire, il n’y avait plus rien. Sans même avoir à allumer la lumière, Rodolphe savait que cette pièce était aussi  vide que son salon et que toutes les autres devaient l’être aussi. Julie était partie et elle avait emmené la totalité de leur appartement avec elle. Et tout cela en une journée. Rodolphe fit un  effort pour se remémorer sa matinée. Rien dans l’attitude de sa femme ne pouvait présager cela. Après s’être préparé, il s’était rendu dans la cuisine où Julie lui avait servi son café et ses toasts comme à son habitude. Ils avaient discuté quelques instants de leurs journées à venir et suite à cela, après un rapide baiser, il était parti pour son travail. Elle avait bien joué son coup. Une telle organisation, elle devait préparer cela depuis des semaines et il n’avait rien vu venir. D’ailleurs, elle avait dû demander de l’aide à des amis ou à sa famille, réserver un camion, prévoir des cartons, du scotch, des journaux pour emballer les choses fragiles. En plus, elle n’aurait jamais pu transporter tous les meubles toutes seules. Elle était bien trop fragile. Comme avait-elle pu oser lui faire ça, alors qu’il avait tout sacrifié pour la rendre heureuse. Grâce à son travail à la banque et à son salaire plus qu’honorable, elle n’avait pas besoin de travailler. Elle pouvait rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères et faire ce dont elle avait envie. Et voilà comment elle le remerciait, elle s’emparait de tout ce qu’ils avaient construits tous les deux pendant ces cinq dernières années et se contentait d’un mot sur un post-it. Rodolphe se dirigea vers la cuisine. Il alluma la lumière pour découvrir une nouvelle fois, une pièce vide. Seul le meuble où reposait l’évier était encore là, une blague il faisait partie de la location, c’était donc normal. Une éponge encore humide trainait sur la paillasse. Voilà ce qui lui restait, une vieille éponge crasseuse et des moutons de poussières. Rodolphe prit le temps de dénouer sa cravate. Il avait chaud. Il sentait son sang battre la mesure dans sa tempe. Comment avait-elle pu lui faire ça et pourquoi ? Elle l’avait abandonné. Qu’allait-il devenir sans elle ? Tant de questions sans réponses. Il prit son téléphone dans sa poche et consulta ses messages mais ne découvrit rien de nouveau. Il appuya sur l’écran pour accéder aux derniers appels. « Amour », le premier numéro de son répertoire ! Il devait lui parler, savoir ce qui c’était passé ! Peut-être avait-elle une bonne raison ! Au bout de quelques secondes, une voix mécanique lui annonça que le numéro de son correspndant n’était plus attribué. Elle avait donc coupé sa ligne et il n’avait aucun moyen de la joindre. Il fit défiler les numéros à la recherche de celui des parents de Julie mais après quelques instants, il dut se rendre à l’évidence, le numéro avait été effacé. Ils habitaient à plus de 700 km de là. Il ne pouvait donc pas se rendre chez eux dans l’instant. Il faudrait qu’il recherche leur numéro sur les pages jaunes. Ils pourraient sans doute li donner une explication à l’acte de leur fille. Elle était peut-être devenue folle ! Et c’était mis en tête de partir dans une secte. Son téléphone toujours en main, il ferma les yeux à a recherche d’une réponse plausible. En quelques minutes, les émotions défilèrent. Après l’incompréhension et la tristesse, c’était maintenant la colère qui pointait le bout de son nez. Ou alors, elle avait un amant ! Voilà, c’était cela et il ne pouvait pas en être autrement. Il avait été trop con. Laisser sa femme tous les jours seule chez eux. Il pensait qu’elle attendait sagement son petit mari alors qu’elle prenait du bon temps. Il lui faisait confiance et elle était bien foutue de sa gueule. Rodolphe bouillait intérieurement et  se sentait comme un lion en cage, une cage vide d’ailleurs. Il prit le post-it qu’il tenait toujours dans sa main et l’écrasa d’un coup sec.


Au final, elle l’avait bien mérité sa dernière branlée. Un nez et une côte cassés, ça valait bien ça !

Commenter cet article
L
la chute est terrible!
Répondre
A
<br /> <br /> Merci beaucoup!<br /> <br /> <br /> <br />
N
Je ne m'attendais pas du tout à la chute, bien vu !
Répondre
A
<br /> <br /> Merci!<br /> <br /> <br /> <br />