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35 Il est "vilaine"

Publié le par aulivia

Il avait décidé d’oublier, de passer outre. Bon, il l’avait encore en travers de la gorge mais il se devait d’avancer et surtout de trouver une remplaçante. Rodolphe en était là. Il avait besoin de quelqu’un pour s’occuper de lui, de son appartement et de toute l’intendance. Evidemment, le mieux serait de tomber amoureux et de trouver la perle rare mais il pensait l’avoir eu entre les mains durant ses cinq dernières années. Mais elle lui l’avait fait à l’envers, comme on dit. Julie, qui paraissait si malléable avec son manque de confiance en elle et son amour pour lui. Il n’avait rien vu venir lorsqu’elle avait disparu avec la totalité de l’appartement du jour au lendemain. Il avait tenté de la retrouver par tous les moyens. Il avait cru la tenir lorsque son ancienne belle-mère l’avait invité pour un week-end à Lyon. Quand il repensait à son arrivée là-bas et surtout à l’accueil qu’il avait eu, il frissonna. Il préférait ne plus y penser.

Rodolphe avait jeté son dévolu sur plusieurs jeunes femmes qu’il connaissait déjà de plus ou moins près. Une jeune et jolie secrétaire chez un de ses clients, une serveuse du restaurant où il se rendait régulièrement avec ses collègues et une de ses anciennes maitresses.

Après avoir passé quelques soirées avec chacune d’entre elles, il avait éliminé sans regret la serveuse. La conne avait attendu le troisième rendez-vous pour lui avouer qu’elle avait un fils d’à peine trois ans. Impossible pour lui !

Il restait donc son ancienne maitresse et la secrétaire. Elles étaient toutes les deux tombées sous son charme, il le sentait. Elles lui mangeaient dans la main. L’une avait tendance à lui dire oui à tout et être assez effacée tandis que l’autre faisait le maximum pour qu’il soit comme un coq en pâte.

De toute façon, il prendrait son temps et ne se lancerait pas tête baissée dans une nouvelle relation. Pas trop longtemps non plus, la femme de ménage qu’il employait pour l’appartement lui coûtait cher et il commençait à prendre du poids à force de manger au restaurant midi et soir. Julie cuisinait si bon et si équilibré, elle avait toujours fait attention à sa ligne et ses talents de chef lui permettaient de sublimer le moindre de ses plats. Il espérait que celle qu’il choisirait, ne cuisinerait pas trop mal. Il pourrait se faire inviter à manger chez elles deux, pour voir d’ailleurs.

Lorsqu’il avait demandé à Nolwenn de l’accompagner pour faire les magasins, elle avait sauté sur l’occasion et prétexté un rendez-vous en urgence chez le dentiste pour pouvoir partir de son travail. Elle était vraiment prête à tout pour lui. Et Rodolphe adorait cela.

Après avoir fait une boutique de luminaires à la recherche de la parfaite lampe pour son parfait salon, ils avaient décidé de tenter un magasin de bricolage qui lui aussi possédait un rayon attractif de spots et autres joyeusetés. Nolwenn buvait ses paroles et à chaque fois qu’il posait la main sur la sienne ou lui enserrait la taille, il la sentait frémir  et tressaillir. Plus l’après-midi avançait, plus Rodolphe sentait qu’il avait sans doute trouvé sa nouvelle compagne.

 

Nolwenn était pleinement investie dans sa mission. Elle avait retenu avec une grande attention tous les critères qu’avaient énoncés Rodolphe dans le dernier magasin. Et elle lui proposait des lampes qi correspondaient en tout point à ses critères. Rodolphe quant à lui, reluquaient les jeunes femmes qui se promenaient dans les rayons. Nolwenn était très jolie et il pourrait être fier de l’avoir à son bras lors de ses diners mais il était volage et il avait toujours besoin de séduire et de conquérir. Il écoutait donc d’une oreille distraite la jeune femme lui vanter les mérites d’une lampe à haut pied en chrome tout en regardant à droite et à gauche.

C’est alors qu’il la vit. Dans un premier temps, il crut à une vue de l’esprit. Rousse avec un carré plongeant mettant en valeur son visage et ses yeux en amandes, elle disparut aussitôt. Rodolphe était sûr d’avoir reconnu Julie. Il s’excusa auprès de Nolwenn, prétextant un appel urgent à passer. Il se dirigea d’un bond pas vers le rayon où elle était quelques secondes auparavant, mais rien. Il avança dans l’allée centrale, jetant des coups d’œil à droite puis à gauche à la recherche de la rousse incendiaire.

Après cinq bonnes minutes de vaines recherches, il dut se rendre à l’évidence, il avait dû rêver ou alors, elle était sortie du magasin. Il fallait qu’il retourne auprès de Nolwenn, celle-ci devait trouver le temps long. Il fit demi-tour et marcha en direction des lampes et de sa docile brunette. Arrivé dans le rayon, il constata qu’elle n’était plus là, elle non plus. Rodolphe était énervé, il n’aimait pas la tournure que prenait son après-midi. Il sortit son portable de la poche intérieure de sa veste, le plus facile était de l’appeler. Il appuya sur l’écran et fit défiler les derniers appels et du numéro de Nolwenn. Le téléphone à l’oreille, Rodolphe tapait du pied. Au bout de deux sonneries, la jeune femme décrocha, mais il n’eut pas le temps de dire grand-chose.

    - Ne m’appelles plus jamais, je ne veux plus jamais te revoir. Je sais ce qu’il s’est passé avec ton ex, lui dit Nolwenn d’une traite.

Et elle raccrocha. Rodolphe fulminait. C’était donc bien Julie qu’il avait vu. Et elle avait profité qu’il parte à sa recherche et de ces cinq longues minutes pour parler à Nolwenn. La garce, encore aujourd’hui elle lui pourrissait la vie.

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