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Une migraine à en mourir

Publié le par aulivia

Voici un texte rédigé pour un concours (thème: Nuit d'effroi) mais pas de nouvelles depuis un moment donc autant vous en faire profiter!

Bonne lecture!

 

Je pense vous le scinder en plusieurs parties! Pour faire durer le plaisir? peut-être...

 

 

 

 

 

 

Il était déjà plus de 19h00 et il faisait nuit lorsque Rachel arriva devant son immeuble. Elle marchait d’un pas vif, le froid de l’hiver lui mordait les joues. Elle avait remonté son écharpe jusqu’aux oreilles mais le vent glacé passait au travers. Elle était frigorifiée, comme si elle ne portait rien d’autre qu’un simple tee-shirt. Elle ouvrit la porte du hall et poussa un long soupir. Sa journée de travail était enfin terminée. Elle avait l’impression qu’elle avait duré longtemps, trop longtemps. Son job de chargée d’appel n’était pas passionnant, c’était le moins que l’on puisse dire. Mais il fallait bien payer sa partie du loyer et vivre de façon convenable. Rachel rêvait de trouver un métier qui lui donnerait envie de se lever le matin et pourquoi pas rencontrer quelqu’un par la même occasion. Changer de vie, voilà ce que souhaitait Rachel, mais pour cela, il fallait tenter de sortir de ce quotidien qui lui prenait tout son temps et se motiver à faire autre chose. Mais ce soir et comme depuis quelques jours, Rachel était trop fatiguée. Elle, qui marchait toujours d’un bon pas pour rentrer à l’appartement, trainait les pieds depuis quelque semaines. Elle vivait comme au ralenti, elle n’était pas sortie depuis plusieurs jours et n’avait même pris le temps d’aller à la crémaillère de son amie Audrey. Elle avait prétexté une migraine ce soir-là. De toute façon, cette douleur durait depuis si longtemps. Elle sentait sa tête lourde et son cœur résonnait dans sa nuque et contre ses tympans. Chaque mouvement qu’elle effectuait amplifiait la douleur et passer ses journées au téléphone n’avait rien arrangé. Mais son mal de tête n’était qu’une excuse. Elle ressentait surtout une pointe de jalousie et d’amertume. Audrey était partie vivre avec son petit ami tandis qu’elle n’avançait pas. Son amie avait rencontré l’amour et était heureuse. Elle aurait dû se réjouir pour elle, mais ce n’était pas si facile. Elle souhaitait être à sa place. Audrey lui avait promis de trouver quelqu’un de bien pour la remplacer dans la colocation. Et Rachel ne souffrirait pas de son absence, elles ne vivaient qu’à une vingtaine de minutes en bus l’une de l’autre. La tristesse et le vague à l’âme emplissaient son cœur, elle avait l’impression d’avoir perdu son amie, de ne plus avoir cette présence si vivante lorsqu’elle rentrait. Par contre, Audrey avait tenu parole, trois jours après son départ, elle l’appela pour la prévenir que son cousin Bertrand était intéressé par la colocation. Elle lui avait dressé un portrait très sympathique du jeune homme. Bertrand travaillait de nuit, elle ne se rendrait même pas compte de sa présence. Ils ne feraient que se croiser le soir et le matin. Rachel était pressée de faire sa rencontre, elle savait qu’ils ne passeraient pas beaucoup de temps ensemble au vue de leurs horaires si différents mais elle se sentirait sans doute moins seule. Et savoir qu’il était le cousin d’Audrey la rassurait encore plus. Elle se sentait en sécurité avec un homme à la maison.

Le soir de l’arrivée de Bertrand, Rachel avait rangé tout l’appartement et préparé à manger, elle voulait qu’il se sente à l’aise. Audrey avait échangé leurs numéros respectifs mais par pudeur ou par timidité ils n’avaient discuté que par texto durant ces derniers jours. Il l’avait prévenu le matin même qu’il arriverait vers 20h. Et il était ponctuel, il avait toqué délicatement à la porte pile à l’heure. Rachel ne put s’empêcher de jeter un dernier coup d’œil dans le miroir fixé près de l’entrée, elle était une jeune femme de 30ans encore célibataire, et qui sait Bertrand pourrait peut-être être à son goût. Son reflet lui renvoya une image qui ne la satisfaisait pas, des cheveux bruns retenus sur la nuque par une pince avec quelques mèches autour d’un visage un peu trop rond à son goût. Des rondeurs, voilà ce qui caractérisait Rachel, elle avait quelques kilos superflus et elle ne voyait que ça. Seuls ses yeux verts lui plaisaient, et lorsqu’elle souriait, ce sourire faisait pétiller ses prunelles. Elle délaissa son miroir et son reflet pour aller ouvrir la porte.

L’homme qui se tenait face à elle était grand, très grand. Il devait faire dans les 1m95, ses cheveux blonds étaient légèrement trop longs et bouclaient çà et là.  Un sourire timide effleurait ses lèvres et sa voix rauque surprit la jeune femme lorsqu’il se présenta. Il avait une voix intimidante, chaude et sévère à la fois. Il aurait pu faire de la radio, non pas que son physique ne passerait pas à la télé mais sa voix correspondait à celles que l’on entendait le soir sur les ondes. Un ton vibrant qui donnait vie à ce qu’il disait. Et pourtant, il n’avait pas dit grand-chose ce soir-là. Il était arrivé avec une camionnette de location et avait commencé à décharger ses affaires. Rachel lui avait proposé de l’aide mais il avait gentiment refusé, il ne voulait pas qu’elle se fasse mal. Il avait fait quelques allers retours entre sa chambre et l’extérieur. Et lorsque Rachel lui proposa de manger avec elle, il accepta volontiers. Elle avait fait le seul plat qu’elle connaissait et réalisait parfaitement, un risotto aux champignons. Ils s’étaient assis face à face à la table de la cuisine et après un silence de quelques minutes, le jeu des questions réponses commença. Il avait d’ailleurs posé la plupart des questions et cherchait à en apprendre un maximum sur elle. Tandis que la jeune femme s’était contentée de répondre, heureuse de pouvoir faire la conversation à quelqu’un. C’est lorsqu’elle s’était couchée, que Rachel s’était rendue compte qu’elle n’avait quasiment rien appris sur lui. Elle ne savait même pas où il travaillait ni même dans quelle branche. Elle était une bien piètre hôtesse, pour se renseigner si peu. Suite à cette soirée, Bertrand avait travaillé quasiment tous les soirs et ils n’avaient pas eu le temps d‘échanger autre chose que des banalités lors des moments fugaces qu’ils passaient ensemble.

Trois semaines plus tard, Rachel repensait à son colocataire et à leur première rencontre lorsqu’elle mit les clés dans la serrure. L’appartement était plongé dans la pénombre. Elle se déchaussa prestement d’un coup de talon. Elle rangea ses chaussures dans la penderie. Un coup d’œil vers le couloir, et elle sut que Bertrand était déjà parti au travail. Aucune lumière ne filtrait sous la porte de sa chambre. Cela l’arrangeait, sa migraine persistait et elle n’avait pas envie de parler même pour échanger quelques mots. Ce qu’elle voulait, une aspirine pour soigner son mal de tête, et manger un morceau pour pouvoir aller se coucher. Elle avait l’impression d’être dans le brouillard depuis quelques temps, elle était ici sans être là. Cette situation durait depuis trop longtemps, il faudrait qu’elle aille à la pharmacie le lendemain en sortant du travail pour racheter des comprimés car elle allait être à court. Elle déposa son sac près de la porte d’entrée qu’elle prit soin de fermer et se dirigea vers la cuisine. Elle alluma la lumière de la hotte pour éviter d’accentuer la douleur qui la tenaillait. Elle prit un verre qui séchait sur la paillasse et le remplit directement au robinet. La plaquette de médicaments était posée sur le frigo, elle se servit et avala le tout d’une seule traite. Elle n’avait pas le courage de se préparer quoique ce soit, elle opta donc pour des tomates cerises accompagnées d’une tranche de jambon et de deux yaourts pour dessert. Elle ne prit même pas le temps de s’asseoir et avala son repas debout adossée à la table de la cuisine, les yeux dans le vide.

Rachel était toujours au même endroit lorsqu’elle entendit des bruits sourds. Elle avait l’impression que quelqu’un tapait sur le mur. Elle pria pour que cela ne soit pas les voisins du dessus qui se décidaient à  faire la fête ou à déplacer des meubles. Elle avait un besoin pressant de dormir et ce n’est pas avec ce bruit qu’elle allait pouvoir y arriver. Elle déposa son assiette dans le fond de l’évier et ouvrit le robinet pour faire couler de l’eau lorsque trois coups supplémentaires la firent sursauter. Elle eut l’impression que les bruits venaient de la cave. Elle continuait sa vaisselle le plus silencieusement possible afin de capter d’autres bruits pour tenter de trouver la source. Mais plus rien ne se passa, c’était reparti aussi vite que c’était arrivé.

Il ne lui fallut que quelques minutes dans la salle de bains pour se brosser les dents et enfiler un vieux tee-shirt en guise de pyjama. Pourquoi faire des efforts alors qu’elle se savait seule chez elle. Elle poussa la porte de sa chambre, ne prit même pas le temps d’allumer sa lampe de chevet. Son mal de tête persistait et l’aspirine ne l’avait pas atténué. Elle se sentait de plus en plus vaseuse. Elle se glissa sous sa couette et ne tarda pas à s’endormir. Rachel dormait d’un sommeil agité, elle avait froid et grelottait, une succession d’images sombres se succédaient dans sa tête. Depuis plusieurs nuits, les mêmes rêves la hantaient. Une sensation de froid, des couleurs sombres, des bruits métalliques et enfin une voix sombre et rauque qui répétait son prénom encore et encore.

 

... ... La suite demain... ...

 
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