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Jude

Publié le par aulivia

Avec force, Jude donna un coup de patte dans le mur le plus proche. Il n’en pouvait plus de rester enfermé dans cet endroit. La pièce était trop petite pour lui et il tournait en rond. Il avait l’impression que cela faisait des jours et des jours qu’il était ici, alors que José lui avait dit, qu’il n’était là que depuis hier matin, soit à peine plus de 24Heures. Mais c’était trop long, bien trop long. Pourquoi le laisser enfermer dans un tel endroit alors que derrière la vitre, il pouvait voir l’extérieur qui n’attendait que lui. Une vaste plaine s’étendait à perte de vue. L’herbe complètement desséchée par le soleil était d’un jaune doré et les brins les plus hauts se couchaient de temps en temps en proie à une légère brise. Au loin, il pouvait voir des arbres hauts ne disposant que de quelques feuilles encore vertes créant un voile d’ombre sommaire. Enfin, çà et là quelques rochers luisaient sous la chaleur. Jude ne rêvait que d’une chose, s’allonger sur l’un d’entre eux, se dorer la pilule pendant de longues heures et ne rien faire d’autre. Au lieu de cela, il était enfermé dans cette pièce beaucoup trop petite pour lui. Il ne pouvait pas courir, la distance séparant chacun des murs étant trop courte, et il avait l’impression que s’il s’étirait, ses grosses pattes pourraient toucher chaque coin de sa prison. Désespéré d’être enfermé dans un tel endroit, il s’assit à nouveau face à la fenêtre et contempla le paysage qu’il connaissait maintenant par cœur. Le ciel d’un bleu éclatant n’était parsemé d’aucun nuage et le soleil haut dans le ciel brillait comme jamais Jude ne l’avait vu briller. Vivement qu’il sorte et qu’il découvre ce nouveau monde.

Le gros félin entendit un bruit de pas qui se rapprochait. Il aurait pu reconnaitre celui de José entre mille. Cette démarche à la fois lente et déterminée. Ses oreilles se dressèrent lorsque le pas ralentit à hauteur de la porte. Un bruit de clé dans la serrure lui signifia que son ami venait le voir à nouveau, pour lui apporter son repas sans doute. Même s’il espérait au plus profond de lui que ce soit pour le faire sortir. La porte s’ouvrit dans un grincement et José entra dans la pièce. Quelques mètres le séparaient de Jude qui lui tournait le dos. Il savait que celui-ci boudait, trop malheureux d’être enfermé ici alors qu’il aurait pu être dehors. Mais Il n’avait pas le choix. La quarantaine était obligatoire et il pouvait s’estimer heureux de ne pas être enfermé dans un box sous haute surveillance dans une clinique spécialisée. José avait remué ciel et terre pour que l’animal reste au plus près de lui. Et il lui avait aménagé spécialement, cet endroit pour que son ami s’y sente le mieux possible. Encore quelques heures et il serait libre. José s’éclaircit la gorge et parla d’une voix calme.

-          Jude, je t’ai apporté de l’eau fraiche et ton déjeuner. Dit-il.

En guise de réponse, Jude tourna la tête. Seules ses oreilles bougeaient prouvant qu’il l’écoutait.

-          Je te dépose tout ça là et je reviens tout à l’heure. D’ici quelques heures, tu pourras sortir et découvrir ta nouvelle maison, mon pote.

José poussa délicatement les deux gamelles en direction de son ami mais celui-ci ne bougea pas d’un poil. Il avait décidé qu’il ne lui parlerait pas tant qu’il serait ici. L’homme soupira et ressortit de la pièce, décontenancé. IL s’arrêta un instant sur le pas de la porte. Voir Jude dans cet état l’attristait, mais il n’avait pas le choix. Il referma la porte sur lui dans un claquement discret. L’oreille toujours levé, Jude attendit le déclic de la serrure pour se retourner et se diriger vers ses gamelles. Il n’allait tout de même pas mourir de faim. Il avait besoin de force pour lorsqu’il sortirait d’ici. Et comme le lui avait si bien expliqué José, il serait libre dorénavant et pourrait faire ce qu’il veut.  Plus de compte à rendre à personne, plus de visiteurs qui passeraient leurs temps à l’observer et à épier ses moindres faits et gestes. Son instinct lui dictait que dans ce nouvel environnement, il ne dépendrait plus de l’homme pour se nourrir. Il pourrait chasser ses proies et mangé ce qu’il lui plairait. Ses longues moustaches se raidirent de plaisir et un délicieux frisson parcourut sa longue crinière. Son repas devint bien plus fade tout d’un coût. Le fait de penser à sa vie future et à tout ce qu’il pourrait accomplir l’attristait. Il poussa le reste de son repas dans un coin de sa prison et pris le temps de se faire sa toilette.  Sa grosse langue râpeuse passa minutieusement sur ses pattes avant pour éliminer la moindre trace de son déjeuner. Il faisait très attention à sa personne, et savait que la moindre odeur pouvait le trahir. Son instinct de chasseur était là, enfoui en lui et n’attendait qu’une chose pour s’exprimer : la liberté.

Il savait que c’était une grande chance qu’il avait de pouvoir retourner à l’état sauvage. Peu de ses congénères n’avaient eu cet avantage auparavant et c’était grâce à José si aujourd’hui, il était ici.  Il fallait juste qu’il prenne son mal en patience et attende encore quelques heures que la période de quarantaine soit terminée. Ensuite, José prendrait toutes les précautions pour lui permettre de sortir d’ici. Jude s’était d’ailleurs fait une promesse, il ne ferait jamais de mal à un être humain. Il connaissait sa force et à quel point il pouvait être dangereux mais il savait que cette chance ne se présenterait qu’une fois, et il ne voulait pas la rater. Son énorme tête posée sur ses pattes, il rêvait. Sa queue battait une cadence qui lui seul connaissait et ses poils roux et soyeux vibraient de temps en temps comme pour répondre à la brise extérieur. Encore en plein sommeil, Jude n’entendit qu’au dernier moment, que des personnes s’approchaient. Plusieurs voix qu’il ne connaissait pas, s’entrechoquaient entre les murs du couloir. Seule la voix grave de osé lui était familière. Jude se redressa après s’être étiré de tout son long, il bailla en dévoilant ses mâchoires puissantes couvertes de dents plus dangereuses les unes que les autres. Il attendait, sentant le moment de sa liberté, approché. La clé dans la porte lui indiqua qu’ils étaient tous là pour lui. José passa en premier suivit de trois hommes habillés chacun d’une cote bleue nuit. L’un d’entre eux tenait un long manche en bois dans les mains. C’était donc le moment. Il allait être libre. José prit la parole pour donner les instructions, il plaça chaque personne à un coin stratégique, et leur donna des ordres à respecter, pour une question de sécurité. Il fallait que je sorte mais que je ne blesse personne. Mais de toute façon ce n’était pas mon intention. Je voulais juste partir de cet endroit et voir ce qu’il se passait dehors. Découvrir ma nouvelle vie, ma liberté. José m’appela très doucement pour que je m’approche de lui. Il avait laissé la porte grande ouverte et voulait que je me dirige par là. Je sentais déjà la chaleur de l’extérieur m’emplirent les poumons. Cette sensation de liberté me prit aux tripes. Je n’avais pas besoin d’eux pour trouver la sortie. Il me suffisait juste de suivre les bruits et les odeurs qui émanaient de derrière ces murs. Je me dressai sur mon séant et prit appui sur mes pattes arrières. Je fis un bon qui me propulsa directement dans le couloir. Les hommes en bleu décontenancés se reculèrent contre les coins de ma prison pour être sure que je ne leur saute pas dessus. Je leur faisais peur et je le savais mais à ce moment même je me fichais complètement d’eux. Arrivé dans le couloir, je pris une grande inspiration et mon instinct m’indiqua le chemin. Il suffisait juste que je suive la bise qui longeait le corridor. Cette bise que j’avais vu souffler quelques heures auparavant était là, à me chatouiller les narines. Je me mis à courir plus vite que mes pattes le pouvaient en direction de la sortie. Je l’atteignis en quelques secondes à peine. Le soleil était encore haut dans le ciel et la chaleur omniprésente. Je ne ralentis pas ma course de peur que José et ses hommes ne reviennent sur leur décision. J’étais enfin libre et je retournai à l’état sauvage.

Jude n’entendit même pas José remercier les déménageurs pour leur aide. Il aimait son chat mais celui-ci était devenu incontrôlable, à croire qu’il se prenait pour un lion. Son gros chat roux était déjà assez âgé et quoi de mieux pour finir sa vie que de vivre à l’extérieur maintenant qu’ils avaient déménagé au Zimbabwe.

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