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Sandy

Publié le par aulivia

Voici une histoire écrite suite à un défi avec des amis.

 

Le thème: coffre de voiture

un handicap: commencer l'histoire par "il était une fois" et finir par "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants"

nombre de mots: 2500 maxi!

 

 


 

Il était une fois un jeune homme sans histoire qui s’appelait Sandy. Un prénom peu banal pour un garçon qui aurait tant souhaité l’être. Lorsque sa mère avait appris sa grossesse, elle s’était mise à la recherche du prénom pour son futur bébé. Et elle avait trouvé celui-ci si joli que lorsqu’elle vit son fils pour la première fois, elle ne chercha pas à savoir s’il aurait une incidence sur son futur et sur ce qui allait advenir d’un petit garçon portant un prénom féminin. Elle avait décidé de l’appeler Sandy et il n’en serait pas autrement. L’histoire aurait été tout autre si Sandy était né fille.

Durant toute son enfance, son adolescence et jusqu’à aujourd’hui, le garçon subissait ce prénom comme il subissait sa vie. Les railleries de ses « copains » de classe résonnaient encore à ses oreilles et les rires moqueurs des jeunes filles qu’il courtisait lui revenaient sans cesse en mémoire. Le petit homme avait grandi comme il avait pu, avec ce prénom comme fardeau. Sandy était devenu bel homme maintenant qu’il avait atteint l’âge adulte. Il était grand, et toutes les heures qu’il avait passé en salle de sport après son travail, lui avaient permis de se sculpter un corps plutôt agréable à regarder. Brun, les yeux noirs, beaucoup de femmes se retournaient sur son passage. Mais lui ne les voyait pas, il manquait d’une totale confiance en lui. Et lorsqu’il lui arrivait de croiser une jolie femme et que celle-ci lui souriait,  il regardait toujours derrière lui, persuadé que cela ne lui était pas adressé. De toute façon, la plupart du temps, il marchait la tête basse, regardant les pavés, alors comment aurait-il pu voir qu’il plaisait. A son travail, il en était de même. Le jeune homme avait fait de brillantes études et était devenu comptable au sein d’un cabinet d’experts. Il travaillait pour plusieurs clients. Et il n’était pas rare que les responsables féminines des entreprises pour lesquelles il faisait la comptabilité trouvaient de multiples excuses toutes plus futiles les unes que les autres,  pour passer un peu de temps avec le jeune homme. Beaucoup d’entre elles n’auraient pas dit non, pour un moment seule avec lui et plus si affinités. Mais Sandy ne s’en rendait pas compte. Il était toujours poli et respectueux. Il se levait lorsqu’elles entraient dans la pièce, leurs proposant un café ou un thé, ayant une attention pour chacune, mais cela s’arrêtait là. Certaines avaient tenté une approche, lui proposant de prendre un verre en dehors de ses heures de travail, mais il avait toujours refusé. Il savait qu’aucune femme n’accepterait de sortir avec un homme prénommé Sandy. Dès qu’elle saurait son prénom, elle trouverait une excuse pour s’échapper et raconter sa mésaventure à toutes ses amies. Sortir avec un Sandy, pourquoi pas Pamela non plus…Il restait donc monsieur Boer pour chacune d’entre elles.

Le jeune homme menait une existence solitaire et même si cela ne lui convenait pas, il s’était fait à l’idée de vivre ainsi. Jusqu’au jour où Valentine arriva. La jeune femme avait été embauchée en tant que secrétaire comptable au même étage. Dès qu’il l’avait vu, il avait su que c’était elle. Qu’elle serait LA femme de sa vie. Pour lui, c’était la perfection incarnée. Physiquement, déjà, petite et fine, il n’avait qu’une envie, la protéger du monde, elle paraissait si fragile et si gracile. Ses cheveux chatains clairs étaient coupés courts, et lui donnaient un visage mutin. La jeune femme représentait une bouffée de fraicheur au sein de l’entreprise pour Sandy. Elle souriait et avait toujours un mot gentil pour tout le monde. Son rire était unique. Il résonnait dans chaque pièce et il ne se lassait pas de l’entendre. Depuis qu’elle était arrivée dans le service, il passait plus de temps dans les couloirs ou à la machine à café, pour pouvoir la regarder et l’écouter échanger des banalités avec ses collègues. Sandy revivait, grâce à elle. Il fallait maintenant qu’il prenne son courage à deux mains et tente une approche. A plusieurs reprises, ils avaient discuté de la pluie et du beau temps. Mais sa timidité maladive et son manque de confiance lui coupaient tous ses moyens. Lorsqu’il rentrait chez lui, il se déroulait  le fil de sa journée et cherchait les phrases et les réparties intelligentes qu’il aurait pu sortir lorsqu’ils s’étaient croisés à la machine à café. Mais rien n’y faisait, lorsqu’elle était à quelques mètres de lui, il avait le souffle coupé et perdait tout son vocabulaire.

C’est alors qu’une idée germa dans la tête du jeune homme. Il allait mettre toutes les chances de son côté pour partager un moment seul avec elle et peut-être qu’avec un peu de temps et surtout aucun autre homme dans le coin, Valentine se rendrait compte à quel point Sandy était charmant. Elle lui laisserait sans doute une chance ou la possibilité de boire un café. Les semaines qui suivirent, il réfléchit à son plan et mit tout en œuvre pour que le jour J tout se passe à merveille. Le jeune connaissait les habitudes de Valentine. Il savait que les vendredis soirs, la jeune femme quittait son poste à 17H30. C’était pour aujourd’hui. Ce matin-là, Sandy é tait discrètement descendu dans le sous-sol de l’immeuble où étaient garés les véhicules du personnel. Il avait dégonflé le pneu arrière droit de la jeune femme, de sorte qu’en passant à son niveau, elle ne pourrait que constater que sa voiture avait un pneu dégonflé.

17H25. Sandy ne tenait plus en place. Il ne pensait qu’à une chose, descendre et prendre sa voiture. Il avait répété son plan dans sa tête durant toute la journée et avait préparé des phrases de circonstances pour faire rire la jeune femme.

17H29 Il avait fermé son logiciel et rangé son bureau comme il le faisait tous les vendredis. Il prit l’ascenseur et se réjouit de voir qu’il était le seul à descendre à cette heure-là. Il avait guetté la jeune femme toute l’après-midi et savait que d’ici quelques minutes, elle prendrait le même chemin pour se rendre à sa voiture. Sandy avait le cœur qui battait la chamade, comme s’il se rendait à un premier rendez-vous. Et c’était vraiment l’idée qu’il en avait. Il allait pouvoir discuter avec Valentine, seul.

17H32. Il était assis au volant de sa voiture sur sa place de parking et attendait. Seule sa respiration troublait le silence qui régnait dans l’habitacle. Il écoutait attentivement les bruits qui l’entouraient et cherchait à détecter l’ouverture de la porte de l’ascenseur. Le bruit ne se fit pas attendre. La jeune femme était ponctuelle, encore une qualité de plus à son actif. Elle était dans le garage et se dirigeait vers sa voiture. Il reconnaissait le son de ses pas entre tous. Valentine était là et seule. Quelle chance, tout se déroulait comme il l’avait espéré. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite et il le sentait cogner dans sa poitrine.

Il entendit la jeune femme pousser un juron. C’était le signal. Il sourit et démarra. Il transpirait et avait du mal à déglutir. Il vit la jeune femme à une dizaine de mètres de lui, adossée à sa voiture, elle farfouillait dans son sac sans doute à la recherche de son téléphone portable. Arrivé à sa hauteur, Sandy ralentit. Il appuya sur la commande de la vitre conducteur et respira un grand coup.

-          Valentine, l’interpella-t-il, vous avez un souci ?

La jeune femme releva la tête et se figea. Ses joues virèrent au rouge et elle sourit à son interlocuteur.

-          Oh ! Monsieur Boer ! c’est  vous ! j’ai un pneu de dégonflé sur ma voiture et du coup je ne sais pas trop comment m’y prendre, lui répondit-elle.

-          Vous voulez un coup de main ? je ne suis pas garagiste mais à nous deux on peut sans doute trouver une solution.

-          C’est très gentil à vous, Monsieur Boer.

Elle balbutiait, tellement gênée. L’homme l’intimidait. Sa beauté, son regard, elle n’arrivait pas à soutenir à le regarder directement. Les peu de fois où ils avaient échangé deux-trois mots, elle s’était sentie encore plus petite qu’elle ne l’était. Cet homme lui plaisait mais les autres secrétaires lui avaient fait comprendre qu’il ne fallait surtout pas chercher quoique ce soit. Il était très discret et devait avoir femme et enfants à l’exterieur même si personne n’en savait rien.

-          Appelez-moi San, lui dit-il. Monsieur Boer c’est mon père. Et puis nous avons quasiment le même âge.

 Il lui sourit. Il était tellement beau quand il souriait.

Sandy descendit de sa voiture. La jeune femme le regardait, elle ne le quittait pas des yeux. Mais le jeune homme était tellement obnubilé par son plan qu’il ne se rendit même pas compte de l’effet qu’il produisait sur elle. Il prit le temps de s’accroupir près du pneu et le toucha comme s’il savait ce qu’il faisait. Il se releva et se trouva à quelques centimètres de la demoiselle qui tremblait. Gênés tout autant l’un que l’autre, ils détournèrent la tête. Sandy fila en direction de son coffre pour prendre le matériel nécessaire.

Trois jours plus tard, Sandy repensait à cet instant où tout avait changé. Il avait eu le courage de mettre son plan à exécution et tout avait fonctionné comme il l’avait souhaité. Valentine était assise à côté de lui dans son canapé, chez lui. Et il n’osait pas la regarder. Bien évidemment, l’arrivée d’une femme à la maison avait changé quelque peu la disposition et l’organisation de son intérieur. Mais il était fier de ce qu’il avait effectué en si peu de temps. Et Valentine avait l’air de se plaire ici. Il n’était plus seul, la femme de sa vie allait rester à ses côtés et ils pourraient se construire un futur à deux.

Valentine quant à elle était assise sur le canapé près de San. Elle était terrorisée. Elle revoyait le fil de ces derniers jours passer dans sa tête et elle tentait de remette de l’ordre dans ses idées. Trois jours auparavant, San s’était arrêté à sa hauteur pour l’aider suite à un pneu dégonflé (de son fait, elle le savait à présent). Il était allé à son coffre de voiture et lui avait demandé de venir l’aider car le cric était coincé sous la moquette. Lorsqu’elle était apparue à ses côtés, il l’avait saisi entre ses bras puissants et comme dans les films, l’avait endormi avec un mouchoir imbibé de produit. Il l’avait ensuite délicatement déposé dans le coffre de sa voiture. Lorsqu’elle s’était réveillée, le jeune homme était assis à ses côtés. Elle ne savait pas où elle était mais le fait qu’il n’y ait aucune fenêtre dans la pièce, ne présageait rien de bon. Un mal de tête lui vrillait les tympans et elle était un peu déboussolée. Le jeune homme la regardait avec une telle ferveur dans les yeux qu’elle comprit qu’il devait être fou. Il l’avait regardé et lui avait souri. Il lui avait ensuite expliqué, qu’il avait construit  cette pièce dans son sous-sol pour qu’ils soient tous les deux ensemble jusqu’à la fin de leurs jours et qu’ils soient heureux. Bien évidemment, il ne voulait pas qu’elle le laisse et c’est pourquoi il lui avait solidement attaché une longue chaîne à la cheville. Elle était prisonnière. Elle l’avait bien compris. Si seulement, il avait pu voir à quel point il lui plaisait auparavant, il n’aurait pas eu à mettre en scène tout cela. Ils auraient bu un verre ensemble, auraient appris à se connaitre et par la suite auraient pu construire un avenir ensemble. Le seul point noir c’est que son « compagnon » était visiblement dérangé. Il ne la brutalisait pas et s’occupait de tout dans la maison. Il lui faisait à manger et veillait à ce qu’elle ait tout ce dont elle avait besoin. Mais San la séquestrait chez lui. Valentine eut une pensée pour sa famille et ses amis. Son entourage avait dû se rendre compte de sa disparition et il devait présager le pire. Elle avait peur pour elle, pour eux. Et elle ne savait pas quoi faire.

Sandy pensait tout autrement. Il était heureux. Il prenait soin de sa femme. S’il la gardait à la maison c’était surtout pour qu’aucun homme ne la lui enlève. Il avait pris quelques semaines de congés pour pouvoir passer du temps avec Valentine. Il voulait qu’elle se sente chez elle. La jeune femme dormait dans des draps de qualités, il lui préparait des repas diverses et variés mais toujours équilibrés. Il avait même installé quelques machines de sport au cas où elle souhaiterait se défouler. Il savait qu’il lui faudrait du temps. Du coup, il lui permettait d’être seule dans la salle de bains durant ses douches et ses moments intimes. Mais il veillait toujours derrière la porte. Il avait tellement peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Sa petite femme était si petite, si fragile. Depuis qu’elle était avec lui, il respirait la joie de vivre. Il lui racontait des anecdotes sur son travail, lui proposait des jeux de sociétés et regarder des dvd ensemble sur le canapé. Pour l’’instant la jeune femme restait un peu sur sa réserve. Il pouvait le concevoir. C’était tout nouveau pour elle, de vivre avec son homme. Le soir du troisième jour, après avoir mangé et fait la vaisselle, Sandy proposa à Valentine d’aller s’allonger dans sa chambre. Il la laissa seule quelques minutes dans la salle de bains et quand elle réapparut, il tenait un livre à la main. Un livre de contes de fées. Il lui proposa de lire une histoire ensemble. La jeune femme lui donna son accord et se calfeutra sous la couette, la chaîne qui la maintenait dépassant de sous les draps. Il ouvrit la page et commença son récit. Valentine écoutait le conte et repensait à la fin qu’il y avait dans beaucoup d’histoires de son enfance. Elle avait rêvé de cette fin pour sa vie. Mais elle savait très bien que cela ne s’appliquerait pas à elle et San. « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

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