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Jour férié

Publié le par aulivia

Voici une courte nouvelle suite à un défi sur ma page facebook.

le thème: Une vie de chien

l'handicap: une fin heureuse

 

et voilà, bonne lecture!

 

(PS: en ce moment j'écris beaucoup sur les animaux, je m'en rends compte, mais ils me plaisent!)

 

 


 

Lorsque les gens font une comparaison entre les chiens et les chats, certaines différences reviennent à tous les coups. Les chiens sont dépendants de leurs maîtres, ils ne vivent que pour eux, par eux. Ils sont obéissants et ont besoin d’un chef de meute pour les diriger. Les chats quant à eux, sont indépendants, peuvent se débrouiller seul, sans maître, ils écoutent rarement ce qu’on leurs dit et en font bien souvent rien qu’à leurs têtes. Depuis quelques temps, Thémis aurait aimé être un chat. Parce qu’il en avait marre de cette vie de chien… qui ne lui convenait plus. Il aurait voulu pouvoir faire ce qu’il voulait sans que Bruno son maître ne soit là pour le lui dire. Il voulait aller courir quand bon lui semblait, et pas seulement lors de la promenade digestive. Il voulait manger jusqu’à plus faim et pas seulement la ration du soir, mais bon un extra de temps en temps, voilà ce qu’il souhaitait…Le seul problème, c’est qu’il n’avait pas à se plaindre. Il avait tout pour être heureux. Bruno, son maître avait une femme et des enfants qui l’adoraient. Il dormait dans un panier très confortable près du radiateur et avait un immense terrain pour courir et se détendre les pattes. Mais il avait besoin de plus… besoin de liberté !

Bruno appela Thémis. Celui-ci arriva dans l’instant. L’homme était fier de son animal, un chien loup de Tchécoslovaquie. En tant que dresseur, il était sa plus belle réussite. Il l’emmenait partout avec lui pour montrer à ses clients qu’avec de la volonté et du travail, on pouvait réussir à obtenir des résultats spectaculaires. Car bien souvent, les chiens loups étaient présentés comme des bêtes têtues et rebelles. C’était tout simplement sa meilleure carte de visite. Mais n’allez pas croire qu’il n’aimait pas son chien, il l’adorait. C’était son troisième enfant, et s’il le fallait, il aurait tout fait pour lui. D’ailleurs depuis quelques temps, il trouvait que Thémis avait un drôle de comportement, comme s’il en avait marre, tel un adolescent qui faisait les choses mais sans volonté, juste pour qu’on lui fiche la paix au plus vite. Du coup, lorsqu’il effectuait des prestations de dressage, il demandait des choses basiques à son chien pour que celui-ci ne le lui fasse pas défaut. Bruno regarda l’heure et se rendit compte qu’il était temps d’y aller. Ils avaint un cours d’Agility en groupe sur un terrain qu’il louait à quelques kilomètres de là. Thémis était assis à ses côtés et attendait les directives. Et comme à chaque fois, Bruno lui rappella les règles avant le départ, comme il l’aurait fait avec son fils ou sa fille.

-          Thémis, on va aller à l’Agility maintenant, je compte sur toi pour donner l’exemple mon beau. Il va y avoir des chiens plus jeunes et il va falloir leur montrer comment on passe les obstacles. Tu écoutes mes ordres et moi je respecte tes possibilités. Allez, monte en voiture, mon loulou !

Le chien le regarda droit dans les yeux et pencha la tête à gauche. Il avait compris et au signal, il sauta avec facilité dans le coffre du break garé dans le jardin. Bruno n’avait pas constaté que Thémis avec le regard éteint.

Tous deux arrivés sur le terrain, ils profitaient généralement de l’heure précèdent le cours pour jouer avec un frisbee, le jeu préféré de l’animal. Bruno lancait le jouet le plus loin possible et le chien partait dans un sprint pour attraper l’objet en vol. Il le ramenait et attendait le lancer suivant. Enfin, c’est ce qui se passait d’habitude. Aujourd’hui, Thémis n’avait pas envie de jouer. Dès sa descente de la voiture, le chien-loup avait foncé vers la grille qui séparait le terrain de la forêt avoisinante et s’était assis pour contempler l’immensité verte. Etrange, c’était bien la première fois qu’il avait une réaction pareille.

Mais Thémis n’avait pas envie. Toutes les semaines la même rengaine, les mêmes ordres à suivre, les  mêmes rencontres. Il voulait plus aujourd’hui. Il aurait tant aimé partir se balader en forêt juste pour cette fois. Sans devoir suivre des ordres de Bruno. Faire ce qu’il voulait, lui. Suivre son instinct de loup.

Son maître s’approcha de la grille et s’accroupit près de son chien. Tous les deux regardaient dans la même direction. Bruno posa la main sur la tête de l’animal. Il décrocha son téléphone et pendant les minutes qui suivirent, passa plusieurs appels. Lorsqu’il eut fini, il flatta le cou de son ami et prit la parole.

-          Thémis, j’ai comme l’impression que tu as besoin d’autre chose aujourd’hui. Est-ce que ça te dirait qu’on aille se balader en forêt, que tu puisses t’amuser?

Le chien se leva d’un bond. Il avait bien compris le message même s’ils ne parlaient pas le même langage. Il courut en direction du portail. L’homme eut du mal à le rattraper et c’est le sourire aux lèvres qu’il permit à son compagnon  de faire ce qu’il voulait pendant les heures qui suivirent. Il avait ressenti son besoin de liberté, ce ras le bol du quotidien. Lui aussi pensait qu’il fallait lâcher la bride de temps en temps!

La fin de la journée ne fut que joie, course, jeux et liberté. Thémis courait dans un sens, puis dans l’autre, escaladait un talus et le redescendait à fond. Il grattait le sol, et partait renifler un arbre unee centaine de mètres plus loin. Il happait les feuilles qui en tombaient et hurlait sa joie à tue-tête. Ses poils flottaient dans le vent, ses oreilles en arrière, la truffe humant toutes les odeurs environnantes. Bruno avait du mal à le suivre mais il savait qu’une fois sa soif assouvit, son chien reviendrait heureux et fourbu. Thémis était fou de joie, il avait rêvé de cette après-midi pendant si longtemps.

Le soir, Bruno expliqua à sa femme et ses enfants leur après-midi dans la forêt. Tous les quatre regardèrent Thémis allongé dans son panier, dormant de tout son saoul, épuisé par sa journée. Et Ils en étaient sûres, il souriait.

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